La taxe au kilomètre menace le chiffre d’affaires, les bénéfices et l’emploi des entreprises alimentaires

24.01.2017

FEVIA appelle les autorités à mettre en œuvre une politique de mobilité réellement ambitieuse.

Bruxelles, le 24 janvier 2017 – Près d’un an après l’introduction de la taxe au kilomètre pour les poids lourds, une enquête auprès des entreprises alimentaires belges confirme l’impact redouté sur le chiffre d’affaires, les bénéfices et l’emploi dans le secteur. FEVIA, la Fédération de l’industrie alimentaire, demande d’urgence de poursuivre le développement des mesures d’accompagnement afin de limiter l’impact sur les entreprises alimentaires. FEVIA demande à la Flandre et à Bruxelles de suivre l’exemple de la Wallonie en n’indexant pas la taxe au kilomètre en 2017.

En avril 2015, Transport and Mobility Leuven (TML) a fait une évaluation de l’impact de la taxe au kilomètre sur la compétitivité de l’industrie alimentaire belge. Selon l’étude, 456 emplois, 60 millions d’euros à l’exportation et 85 millions d’euros de chiffre d’affaires sur le marché intérieur seraient menacés. Les entreprises alimentaires verraient leurs bénéfices diminuer en raison des coûts de transport plus élevés qu’ils ne peuvent pas complètement facturer à leurs clients et de la diminution de leurs ventes en Belgique et à l’étranger. Une enquête auprès de 134 membres de FEVIA confirme l’analyse de TML.

Rentabilité sous pression

Selon 48 % des entreprises alimentaires qui ont participé à l’enquête, la taxe au kilomètre ferait chuter le chiffre d’affaires de plus de 1 %. Pour 13 % des entreprises, il s’agit même de plus de 5 %. L’impact sur le chiffre d’affaires est donc encore plus élevé que les 0,3 % ou 145 millions d’euros annoncés par l’étude TML l’an dernier.

Mais c’est surtout sur la rentabilité des entreprises que la taxe au kilomètre a un impact important. « Plus de trois quarts de nos entreprises indiquent qu’elles paient l’intégralité de la taxe au kilomètre. Les entreprises alimentaires n’arrivent pas ou peu à facturer ce surcoût à leurs clients. De plus, cette taxe au kilomètre s’ajoute à de nombreuses autres taxes auxquelles les entreprises alimentaires sont confrontées » précise Chris Moris, directeur général de FEVIA. Les conséquences sont faciles à deviner : la rentabilité moyenne diminue de 1 à 2 %. Pour 30 % des entreprises, cette diminution dépasse les 2 %. C’est nettement plus élevé que les prédictions de TML qui estimait l’impact sur la rentabilité à 0,2 %.

Inévitablement, cela met également l’emploi en péril : 80 % des entreprises affirment que l’emploi diminue en comparaison avec un scénario sans taxe au kilomètre. Près de 10 % des entreprises confirment que l’emploi dans leur entreprise a diminué de 1 à 2 %. 5 % des entreprises soutiennent que l’emploi a diminué de plus de 2 %. Ces résultats concordent totalement avec les prédictions de TML qui estimait l’impact sur l’emploi à 0,5 % ou 450 travailleurs. Plusieurs entreprises déclarent explicitement que la diminution de la rentabilité pourrait avoir davantage de conséquences sur l’emploi. Il est donc fort probable que la perte d’emplois sera encore plus importante à l’avenir.

Une politique d’accompagnement nécessaire

« La taxe au kilomètre affecte l’industrie alimentaire belge et vient s’ajouter à la série de taxes que nos entreprises paient déjà. De plus, cette taxe ne résout pas la problématique de la mobilité, alors que cela devrait être notre objectif commun. Pour résoudre les problèmes de circulation sur nos routes, il est indispensable de mettre en place une politique de mobilité ambitieuse et de consentir des efforts partagés » indique Jean Eylenbosch, président de FEVIA.

Une telle politique de mobilité ambitieuse doit privilégier trois objectifs :

  1. Améliorer la qualité de nos infrastructures de transport
  2. Réduire la congestion sur nos routes
  3. Utiliser de manière optimale nos ports et nœuds intermodaux (p. ex. le train et les voies hydrauliques) comme un atout logistique et économique

FEVIA demande des mesures concrètes permettant un transport plus efficace, comme l’autorisation de poids lourds transportant 36 palettes au lieu des 33 palettes actuelles ou l’utilisation d’éco-combis. Les politiques d’accompagnement que les autorités régionales mettent en œuvre et qui tiennent compte de certaines demandes de FEVIA, doivent encore être intensifiées. Dans l’enquête, les entreprises indiquent que les mesures annoncées sont largement insuffisantes pour compenser l’impact économique.

Enfin, FEVIA demande à la Flandre et à Bruxelles de suivre l’exemple de la Wallonie en n’indexant pas la taxe au kilomètre en 2017.