L’industrie alimentaire wallonne investit 12% de plus mais le « gastro-nationalisme » menace sa compétitivité

31.07.2017

FEVIA Wallonie appelle les autorités à soutenir la croissance de l’industrie alimentaire, tirée par les exportations, et la démarche collaborative D’Avenir pour une croissance durable de tous les acteurs de la chaîne en Wallonie.

Bruxelles, le 31 juillet 2017 – Le nouveau rapport économique de l’industrie alimentaire wallonne confirme que le secteur continue d’être une locomotive de l’industrie wallonne. L’industrie alimentaire augmente sa part dans l’emploi, les exportations, les investissements et le chiffre d’affaires. Mais la compétitivité du secteur est menacée : les surcoûts énergétiques et la redevance kilométrique, mais aussi le handicap salarial, l’accumulation de taxes et accises … sans compter la montée du protectionnisme dont le « gastro-nationalisme » qui touche particulièrement l’alimentation wallonne. L’industrie alimentaire wallonne s’inquiète beaucoup de l’expérience française d’étiquetage obligatoire de l’origine qui a déjà entraîné une baisse de 30% des exportations des produits laitiers en moins d’un an.

Investissements et emplois en hausse

En 2016, l’industrie alimentaire wallonne reste sans conteste un maillon fort de l’industrie wallonne. Après une augmentation de 19% de ses investissements en 2015, ceux-ci ont encore connu une hausse importante de 12% en 2016. Entre 2012 et 2016, la part de l’industrie alimentaire dans le total des investissements industriels est ainsi passée de 14,8% à 24,8%. Les investissements wallons concernent surtout les secteurs de la transformation de la pomme de terre, la boulangerie-pâtisserie, les boissons, la chocolaterie, la viande, et les ingrédients.

En 2016, le chiffre d’affaires de l’industrie alimentaire wallonne a augmenté de 1,5% pour atteindre 8 milliards d’euros. Ses exportations suivent la même tendance avec une croissance de 1,5% par rapport à 2015, surtout vers les pays hors de l’UE. L’industrie alimentaire wallonne renforce aussi sa position au niveau de l’emploi industriel. En 2016, elle employait 21.395 travailleurs, soit une progression de l’emploi de 4%. L’industrie alimentaire représente maintenant près de 18 % de l’emploi industriel wallon, soit près d’un travailleur industriel sur 5.

« Gastro-nationalisme » à la française : -30% d’exportations de produits laitiers

« L’industrie alimentaire montre à nouveau qu’elle a un énorme potentiel de croissance, mais nous ne pouvons pas fermer les yeux sur une série d’obstacles qui freinent sa croissance, à commencer par l’accumulation de taxes et de cotisations, » précise Guy Paternoster, Président de FEVIA Wallonie. « Nous devons renforcer la compétitivité du secteur pour maintenir notre modèle de croissance et rendre possible la création d’emploi en Wallonie ». Malgré le tax-shift, le handicap salarial se maintient à 17,5%, mais nous constatons également des surcoûts énergétiques qui ont augmenté de 337% depuis 2009 et une redevance kilométrique qui touche durement l’industrie alimentaire. Suite à l’accumulation de taxes et accises, les achats transfrontaliers, de plus en plus fréquents depuis 2008, ont encore augmenté de 8% en 2016. »

« La montée du protectionnisme n’arrange pas non plus les affaires de nos entreprises alimentaires wallonnes ». Le Brexit, les ambitions du président Trump mais surtout l’expérience française pour un étiquetage d’origine obligatoire pour la viande et les produits laitiers sont autant d’obstacles qui menacent la croissance du secteur, mais aussi de l’agriculture. L’industrie alimentaire wallonne est particulièrement concernée par ce phénomène car la France est son premier marché d’exportation et le secteur laitier son premier secteur d’exportation. L’exportation des produits laitiers a ainsi déjà été durement frappée avec une réduction de 30% depuis moins d’un an.

Enfin, la pyramide des âges des salariés actifs au sein de l’industrie alimentaire wallonne inspire aussi de l’inquiétude : la part des moins de 50 ans est en baisse et le nombre des plus de 50 ans est en augmentation, alors que le secteur souffre de pénuries pour certains profils techniques. Le renforcement des formules d’alternance et de stages en entreprises devraient permettre d’attirer davantage de talents correspondant aux besoins des entreprises.

L’industrie alimentaire wallonne utilise 60% de produits agricoles belges

L’industrie alimentaire wallonne est fort dépendante de la première transformation et donc aussi fort liée à l’agriculture. Pas moins de 60% des produits agricoles transformés par l’industrie alimentaire belge sont produits par des agriculteurs belges. L’industrie alimentaire wallonne souffre d’ailleurs aussi, comme les agriculteurs, des fluctuations des prix des matières premières. On constate ainsi une augmentation en volume beaucoup plus forte que l’augmentation en valeur de la production ces dernières années. Ceci est essentiellement dû à la diminution des prix des produits laitiers, des produits à base de viande et du sucre.

« Nous sommes les partenaires de nos agriculteurs et devons travailler ensemble à une croissance durable, » rappelle Guy Paternoster, Président de FEVIA Wallonie, « Une croissance durable de l’industrie alimentaire, tirée par l’innovation et les exportations, bénéficiera directement aussi à nos agriculteurs fournisseurs. C’est pourquoi nous proposons de mieux promouvoir ensemble, en Belgique et à l’étranger, les atouts de l’alimentation belge qui sont la qualité, la diversité et l’innovation derrière la bannière « Food.be - Small country. Great food. » ».

En route vers plus de durabilité avec un impact réduit sur le climat

L’industrie alimentaire prend ses responsabilités pour réduire l’impact des activités du secteur sur l’environnement et améliorer son efficacité énergétique. Elle est à la pointe de la lutte contre le changement climatique, prend des mesures d’économie d’énergie et installe sur ses sites des unités de production d’énergie renouvelable. En 2016, 64 entreprises alimentaires wallonnes participent en outre à  « l’Accord de Branche Energie/CO2 » pour réduire leurs émissions de carbone et améliorer leur efficacité énergétique. Autant d’efforts pour maintenir une croissance durable des activités du secteur avec le moins d’impact possible sur son environnement.

L’industrie alimentaire ne peut assurer sa croissance durable qu’en collaboration avec tous les acteurs de la chaîne. En matière d’innovation, l’industrie alimentaire travaille avec Wagralim, le pôle de compétitivité de l'agro-industrie, et, avec les autres partenaires de la chaîne alimentaire, dans le cadre de la démarche « D’Avenir », pour favoriser une croissance durable du système agroalimentaire wallon. Portée par les acteurs de terrain et reconnue par eux, la démarche D’Avenir permettra de créer de la valeur en Wallonie par davantage de connaissance mutuelle, de collaborations et d’échanges entre acteurs de la chaîne. FEVIA Wallonie appelle les autorités à collaborer avec tous les acteurs de la chaîne pour renforcer cette initiative.