Un système alimentaire durable ne s’arrête pas à la frontière

07.05.2020

En plein milieu de la crise, alors que tous les acteurs du système alimentaire mettent tout en œuvre pour continuer à fournir une alimentation variée, en suffisance et de qualité à tous les belges, des cartes blanches et opinions diverses fleurissent déjà un peu partout. Ils sont nombreux à déjà tirer les conclusions de la crise et à redessiner le futur alimentaire de la Belgique. Pour certains, la crise du coronavirus est la démonstration qu’une alimentation essentiellement locale, voire une autonomie alimentaire, est la seule solution durable.

Dans une opinion parue dans le Knack, quatre professeurs de la KULeuven (Tessa Avermaete , Gerard Govers, Olivier Honnay et Wannes Keulemans) remettent les pendules à l’heure. Non, disent-ils, il n’est pas possible de nourrir tous les belges grâce à l’agriculture locale et son potager. Mieux encore, une autonomie alimentaire n’est pas souhaitable. C’est justement un système alimentaire ouvert et globalisé qui permet de rendre le système résilient et de faire face à des situations de crise. Un système alimentaire replié sur soi-même n’est pas tenable. Tessa Avermaete et ses collègues rappellent aussi que la Belgique est un pays très performant au niveau agro-alimentaire, ce qui explique notre système fortement tourné vers l’export.

Dans une carte blanche parue dans la Libre, Fevia Wallonie, avec une série de partenaires de la chaîne et plusieurs professeurs d’université, confirme cette analyse. En effet, le maintien de l’approvisionnement pendant la crise démontre que le système alimentaire belge et européen permet de répondre à une situation de crise extrême. Un système ouvert, tel que connaît la Belgique, contribue indéniablement à sa résilience. Tout l’enjeu est de rendre le système encore plus durable, non pas en fermant les frontières mais en menant un plan d’action concret et coordonné, impliquant tous les acteurs concernés et permettant de recréer de la valeur ici en Belgique.

L’appel à l’autonomie alimentaire risque de se traduire rapidement vers une course au protectionnisme. Cela ne peut pas être la bonne réponse aux défis mondiaux auxquels nous faisons face. Attention, Fevia n’est pas contre la fierté à avoir par rapport à nos produits, voire même un certain chauvinisme. Nous pensons, tout comme Ignace Van Doorselaere, CEO de Neuhaus, que l’on peut appeler à « acheter belge » mais uniquement, je cite : « sur base de la qualité, de la force, de la vitesse, de la passion, de la créativité, de l’agilité et de la comparaison avec l’étranger ». Avec notre marque « Food.be – Small country. Great food. », nous souhaitons faire la promotion des produits belges à l’étranger mais aussi en Belgique.

Il y a une leçon que chaque belge devrait tirer de cette crise : il est urgent de rendre de la valeur à son alimentation. Avoir chaque jour de la semaine, une alimentation variée, en suffisance, de qualité et à un coût abordable est loin d’être une évidence. Derrière les écrans, une série d’hommes et de femmes, retournent chaque jour à l’ouvrage pour produire cette alimentation. Ces #FoodHeroes méritent la reconnaissance et une rémunération correcte. Pour chaque kilo d’aliment produit, de nombreuses mesures sont prises pour diminuer l’impact sur l’environnement et rendre le système plus durable. Ces efforts méritent une rémunération correcte. La recherche et l’innovation permettent de répondre aux besoins des consommateurs d’aujourd’hui et de demain. Cela mérite également une rémunération correcte …

Rendre sa véritable valeur à l’alimentation est une des conditions pour rendre notre système alimentaire plus durable. Nous osons espérer que, après la crise, les consommateurs reconnaitront et apprécieront la valeur de l’alimentation. Alors, nous pourrons tous ensemble, de la fourche à la fourchette, du simple citoyen aux différents membres du gouvernement de ce pays, construire le monde alimentaire de demain.

Lisez la carte blanche de Fevia Wallonie, signée par une série de partenaires de la chaîne et plusieurs professeurs d’université.