Les emballages sont plus durables, mais vous ne le voyez pas !

03.10.2019

Le marketing pousse-t-il les entreprises alimentaires à mettre de nombreux emballages non recyclables sur le marché ? La prévention et le design4recycling sont-ils tellement peu présents dans les entreprises belges ? De grandes quantités d’emballages mis dans les sacs bleus sont-elles vouées à l’incinération ? On aurait tendance à y croire, mais la réalité est plus nuancée, comme souhaite le préciser Ann Nachtergaele, Environmental Affairs & Energy Director chez Fevia.

Le stricte nécessaire

Entre 2007 et 2017, la quantité de déchets d’emballages en Belgique a augmenté de 7 %. L’augmentation concerne tous les matériaux d’emballages : le carton, le plastique mais aussi le verre (données Eurostat). Sur la même période, la production de l’industrie alimentaire a augmenté de 25 % (Eurostat). Conclusion : pour emballer la même quantité de produits, moins d’emballages sont nécessaires en 2017 par rapport à 2007. Et cela grâce à la prévention réalisée dans toutes les entreprises alimentaires : des cartons plus légers, des bouteilles plus légères, des films beaucoup plus fins, plus d’emballages industriels réutilisables, des éléments superflus éliminés, etc.

Toutes les mesures prises par nos entreprises permettent de diminuer de manière importante la quantité d’emballage. Pour le consommateur, ces mesures sont peu visibles mais elles sont réelles. Sont-elles suffisantes ? Non ! L’objectif doit être une diminution de la quantité d’emballages mais sans avoir l’effet pervers d’augmenter le gaspillage et les pertes alimentaires. Rappelons que l’emballage sert avant tout à protéger les aliments et à les conserver. Il faut donc éviter qu’en limitant les emballages les aliments deviennent plus vite périssables au risque de devoir les jeter. 

Des points verts éco-modulés

Mais il ne suffit pas de mettre moins d’emballages sur le marché, il faut aussi que ceux-ci soient recyclables. Depuis de nombreuses années déjà, Fost Plus via ses tarifs points verts, décourage les emballages qui perturbent le recyclage. Ainsi, lorsqu’uniquement les bouteilles et flacons peuvent/pouvaient être déposés dans le sac bleu, les bouteilles non recyclables (à cause par exemple de leur couleur particulière), devaient payer un Point vert plus élevé. Avec un effet immédiat : seul 2 à 3 % des bouteilles atterrissant dans le sac bleu ne correspondent pas aux spécifications pour le recyclage. Avec l’introduction du sac bleu élargi, ce principe a été renforcé : tous les emballages qui ne peuvent pas être correctement triés et/ou recyclés seront encore plus pénalisés via le Point vert.

Vers des emballages encore plus facilement recyclables

Avec l’élargissement du sac bleu, quasi tous les emballages seront recyclés : le pot de yaourt en polystyrène sera recyclé en nouveau polystyrène, la barquette en PET sera recyclée en nouveau PET… Même les emballages composés de différents types de plastique trouveront une filière de recyclage. L’objectif de Fost Plus est non seulement de trouver une solution de recyclage pour tous les emballages, mais aussi de privilégier le recyclage de qualité à haute valeur ajoutée. Plus l’emballage est facilement recyclable, plus son Point vert sera faible. Plus la filière de recyclage sera couteuse, plus le Point vert pour ce type d’emballage sera élevé. L’objectif est d’évoluer vers des emballages les plus simples possibles constitués par exemple d’un seul type de plastique. Le défi ? Conserver toutes les fonctions les plus utiles de l’emballage pour conserver le produit le plus efficacement possible et ne pas augmenter la quantité d’emballages.

Recherche, innovation et temps

Ce n’est pas en deux coups de cuillère à pot que l’on peut remplacer un emballage par un autre. Des solutions faciles peuvent s’avérer catastrophique. Ainsi le remplacement d’un ravier en plastique par un ravier en carton avec un coating (revêtement) en plastique pour des produits humides peut causer de sérieux problèmes dans la filière du recyclage du carton. Moins de plastique peut-être, mais tellement plus d’emballages non recyclables. Des travaux de recherche et de développement sont donc absolument nécessaires. De nombreuses entreprises y travaillent dans l’ombre. Afin de rationaliser le travail, Flanders’ FOOD avec Pack4Food et d’autres centres de compétences présenteront fin de cette année une roadmap pour l’emballage du futur qui accorde une place importante à l’emballage circulaire.

Autre exemple : Valipac va lancer un projet visant à développer des encres utilisées sur les films plastiques qui ont moins d’impact négatif sur le recyclage. Mais il ne suffit pas de trouver des solutions, il faut aussi les introduire sur le marché. Or, adapter les machines de conditionnement demande des investissements énormes. Il faudra donc du temps pour voir ces nouveaux emballages sur le marché.

N’attendez pas, continuez à trier !

Interdire certains emballages pourrait dans certains cas être une option, mais cela doit alors se faire au niveau européen. Rien ne sert en effet d’interdire en Belgique un emballage qui peut facilement venir de l’étranger. Quoi qu’il en soit, une chose est certaine : un emballage ne peut pas être recyclé s’il n’est pas correctement trié : dans la bulle à verre, dans la collecte papier/carton ou dans le sac bleu. Le geste de tri reste essentiel pour développer des filières de recyclage efficaces. Avec l’éco-modulation, la recherche et l’innovation, tous les éléments sont en place pour que tous les emballages soient 100 % recyclables d’ici à 2025, comme nous nous y sommes engagés en tant que secteur, ensemble avec nos entreprises et nos partenaires.

Toutes les initiatives en matière d’emballages se trouvent sur www.emballages2025.be