Opinion : « Protectionnisme, no thanks ! »

31.01.2017

2016 fut une année éprouvante. Avec ses bureaux à quelques centaines de mètres de la station de métro Maelbeek, FEVIA a presque physiquement ressenti le choc des attaques dont notre pays a été victime le 22 mars. Mais c'est toute l'industrie agro-alimentaire belge qui a été touchée par l'onde de choc. Le succès de nos produits, tant en Belgique qu'à l'étranger, est en effet indissociable de l'image de notre pays. Ce n'est pas un hasard si l'industrie agro-alimentaire belge promeut la qualité, la diversité et l’innovation de ses produits au travers de la marque Food.be et avec un slogan particulièrement évocateur : « Small country. Great food. ». C’est pourquoi nous défendons un monde plus ouvert et dans lequel les entreprises alimentaires belges peuvent faire valoir ce qui fait leur force : la qualité, la diversité et l’innovation.

Le ton est déjà donné pour 2017 avec l’annonce de la Première ministre britannique Theresa May  d’un Brexit ‘dur’ et le speech inaugural du président Trump : le protectionnisme est unanime. La montée protectionniste en Europe constitue elle aussi une réelle menace pour nos entreprises alimentaires.  Ce protectionnisme prend quelques fois des allures moins visibles. L'expérience française de l'étiquetage indiquant le pays d'origine est, ni plus ni moins, l'expression de ce que nous appelons aujourd'hui le gastro-nationalisme. La situation est d'autant plus inquiétante que d'autres pays emboîtent le pas à la France, comme l'Italie et la Roumanie. Cette tendance des plus grandes économies de l'Union à protéger leur marché intérieur porte clairement préjudice aux petits pays, dont nous faisons évidemment partie. Small country. Great food. En effet.

L'exportation est pourtant le moteur de la croissance de l'industrie alimentaire belge. Une croissance remarquable ces dernières années, notamment vers le Royaume-Uni et le Canada. Dans ce contexte, le Brexit et les tentatives de bloquer le CETA sont des freins potentiels à la croissance de la seule industrie qui, ces dix dernières années, a su préserver l'emploi dans notre pays. Un signe qui ne trompe pas : deux mois après le referendum sur le Brexit, nos exportations vers le Royaume-Uni ont chuté de 6,4% par rapport à la même période l'an dernier. Le Royaume-Uni est notre 4ème marché d’exportation et représente 10% des exportations de l’industrie alimentaire belge, soit 2 milliards d’euros. Nos entreprises qui exportent vers la Grande-Bretagne vont donc indirectement en ressentir les effets sur leur compétitivité. L’Angleterre est un partenaire commercial important et les entreprises devront explorer de nouveaux marchés, comme le Canada, l’Indonésie, ou le Japon.

Nous avons donc tout intérêt à joindre nos efforts pour éliminer ces freins à notre croissance. Et c'est précisément ce qu'a fait le gouvernement fédéral, en supprimant en novembre les ‘taxes santé’ telles qu'elles avaient été prévues. Nous ne pouvons qu'applaudir son initiative : ces taxes n'avaient en effet aucun impact sur la santé publique, mais elles incitaient les consommateurs belges à faire leur shopping par-delà la frontière. Il ne s'agit pas d'une fiction, mais d’une réalité quotidienne. Bien entendu, la lutte contre l'obésité reste un enjeu majeur. C'est d'ailleurs pourquoi FEVIA et Comeos ont signé en juin la Convention Alimentation Equilibrée avec la ministre de la santé publique Maggie De Block. Après le succès de la convention sur le sel, le secteur alimentaire a pris l'engagement de contribuer à une véritable diminution de l'apport calorique. Pour assurer une croissance durable au secteur, faciliter les ‘choix santé’ est plus sain que d'ajouter des taxes ou des frais supplémentaires à une liste déjà longue.

En dépit des nombreux défis auxquels les entreprises alimentaires belges doivent faire face, nous sommes confiants pour l'avenir. Récemment, nous avons eu le plaisir d’accueillir une délégation chinoise pour élargir notre potentiel d’exportation. La présence des présidents de FEVIA à un sommet économique mondial comme Davos est aussi un signal fort en faveur d’une industrie alimentaire belge florissante, une industrie qui contribue à des solutions durables. N'hésitons pas à faire connaître au monde ce que notre pays a à lui offrir : Small country. Great food !