Achats transfrontaliers : on en parle…ou pas

09.04.2024

Depuis de nombreuses années, Fevia alerte sur le phénomène croissant des achats transfrontaliers. Pourtant, celui-ci est totalement sous-estimé, voire mis de côté, par nos politiques. Une petite piqûre de rappel s’impose !

Fact Sheet 2023

Record battu ! En 2023, 764 millions d’euros ont été dépensés par les Belges de l’autre côté de nos frontières. Il s’agit d’une augmentation de 40 % par rapport à l’année 2022.

On peut estimer la perte de recettes fiscales à 140 millions d’euros pour l’Etat belge. A cela, il faut ajouter le manque à gagner « indirect » en termes de développement des activités et de l’emploi chez nous.
 

Les boissons, alcoolisées ou non, représentent un tiers des achats transfrontaliers. Elles représentent clairement un produit d’appel. Mais le caddy se remplit également de quantité d’autres produits, notamment au rayon frais.

 

Si l’on fait abstraction de l’inflation que les produits alimentaires, on constate que le « volume » d’achats a augmenté chez nos voisins - quasi de moitié en France - alors qu’il a baissé dans les supermarchés belges.

A noter que les données ne permettent pas de distinguer le Luxembourg et l’Allemagne.

 

Plus de 3 Belges sur 10 vont faire une partie de leurs achats alimentaires chez nos voisins. Pas étonnant quand on sait que la moitié des habitants habite à moins de 50 kilomètres de la frontière. Ils le font 10 fois par an, soit toutes les cinq semaines. Sans doute le laps de temps qu’il faut pour consommer toutes les boissons rafraichissantes qui remplissent en général le coffre.

Près des deux tiers des achats transfrontaliers sont réalisés en France. Il n’en a pas toujours été ainsi. En effet, dix ans auparavant, chacun des 3 pays prenait une part quasi égale des achats à son compte.

 

Globalement, le Belge dépense 48 € par passage à la caisse. Le ticket de caisse moyen en France est le plus élevé avec 58 €, le moins élevé aux Pays-Bas (33 €).

Qu’est-ce que nos politiques attendent pour agir ?

A la demande du Ministre de l’Economie Dermagne, l’Observatoire des Prix a réalisé une comparaison objective et en profondeur des différences de prix aux consommateurs entre la Belgique et les pays voisins (Pourquoi le consommateur paie certains produits plus cher en Belgique | Fevia). Sur les 9 facteurs expliquant des prix plus élevés en Belgique, 7 sont directement le fait des politiques menées dans notre pays. Sans surprise, on y retrouve les trois handicaps qui minent la compétitivité de nos entreprises : handicap salarial, handicap des coûts énergétiques et handicap fiscal.

On pouvait donc légitimement espérer que nos politiques s’appuient sur cette étude pour activer les leviers dont ils disposent pour faire baisser les coûts de production, et par là même les prix. Ceci aurait permis notamment de rapatrier une partie des achats transfrontaliers et de limiter (inverser ?) la baisse des ventes de que nos entreprises belges ont connu en 2023. Malheureusement, l’étude de l’Observatoire est restée lettre morte.

Qu’attendons-nous de nos politiques ?

A la veille des élections, l’heure n’est malheureusement plus aux grandes décisions. Par contre, il est toujours temps de lancer la mise en place d’un monitoring structurel de la fiscalité sur les produits alimentaires et les boissons. A l’instar du monitoring du handicap salarial par le Conseil Central de l’Economie, un monitoring du handicap fiscal permettrait de comparer la situation dans notre pays avec celle dans les pays voisins.

Après les élections, et la formation du prochain Gouvernement, il sera impératif de s’appuyer sur ce monitoring pour prendre des décisions structurelles afin de restaurer la compétitivité de nos entreprises, au bénéfice de tous : travailleurs, employeurs, consommateurs et Etat.

Lisez ici notre communiqué de presse sur les nouveaux chiffres économiques de l'industrie alimentaire belge