Invasion russe en Ukraine : les entreprises alimentaires belges en ressentent l’impact, mais se montrent solidaires

08.03.2022

Les entreprises alimentaires belges ressentent déjà les répercussions de l'invasion russe en Ukraine, et la situation devrait encore s'aggraver dans les semaines à venir. Nos entreprises font toutefois preuve de solidarité : elles veulent soutenir la population touchée dans la région ainsi que les réfugiés ukrainiens dans notre pays en fournissant des vivres.

Nous demandons à nos membres de continuer à envoyer leurs questions, préoccupations et suggestions à tvdv@fevia.be et cad@fevia.be. Votre contribution est très importante pour défendre les intérêts de notre secteur auprès de nos parties prenantes.

Quel est l’impact sur nos coûts de production ?

Blé et maïs

L’Ukraine et la Russie représentent un quart des exportations de blé et un cinquième des exportations de maïs à l’échelle mondiale. Le prix du blé, utilisé entre autres dans le pain et les pâtes, a déjà augmenté de 30 %. Il est probable que le prix du maïs augmente selon le même ordre de grandeur.

Heureusement, les silos en Belgique sont encore bien remplis, ce qui laisse un peu de temps aux entreprises de trouver d'autres fournisseurs. La France, par exemple, est l'un des plus grands producteurs de blé au monde. Nous avons donc suffisamment de céréales en Europe, mais la question est de savoir à quel prix.

Pour l'Europe, il est très difficile d'importer des céréales d'Amérique du Nord ou du Sud, notamment parce que leur réglementation sur les pesticides n'est pas conforme aux normes européennes. En raison de l’urgence, l'association européenne du commerce des céréales (COCERAL) demande à la Commission européenne d'ajuster les règles en la matière pour les six prochains mois, afin que le blé et le maïs puissent également être importés d'Amérique du Nord et du Sud.

Graines de lin

La Belgique est un acteur important dans la transformation des graines de lin en huile de lin. Les matières premières proviennent presque exclusivement de Russie et du Kazakhstan. On trouve peu de production en Europe. L’approvisionnement passe par les ports russes. Le risque de pénurie est donc bien réel pour les graines de lin également.

Huile de tournesol

Les raffineries européennes d’huiles végétales achètent 35% à 45% de leur huile de tournesol en Ukraine. FEDIOL, la fédération européenne des huiles végétales, s’attend à ce que l’Europe puisse encore s’en sortir pendant quatre à six semaines avec le stock d’huile de tournesol actuellement disponible.

Les producteurs de produits préparés à base de pommes de terre, les producteurs de sauces, de pâtes à tartiner au choco et de pâtisserie, entre autres, envisagent de remplacer l'huile de tournesol dans leurs produits par des huiles alternatives, telles que l'huile de colza, de soja ou des huiles tropicales.

Conformément au règlement FIC, l'origine botanique des huiles et des graisses doit être mentionnée dans la liste des ingrédients. L’adaptation d’une recette implique également l’adaptation de la liste des ingrédients, mais la révision de l’étiquetage demande du temps. Compte tenu de ces circonstances exceptionnelles, notre fédération européenne FoodDrinkEurope demande à la Commission d’être pragmatique en ce qui concerne l’application de la législation. Elle demande des exceptions temporaires (sauf bien sûr pour les aspects liés à la sécurité alimentaire), comme ce fut le cas lors de la pandémie de coronavirus. Dans sa réponse, la Commission indique qu'elle est prête à demander aux autorités nationales compétentes de faire preuve d’un peu de souplesse dans l'application de certaines dispositions en matière d'étiquetage, à condition que cela soit temporaire et justifié. Les autorités nationales compétentes sont les mieux placées pour évaluer les risques liés aux assouplissements mis en œuvre dans l'application de la législation sur l'étiquetage. Les décisions doivent être prises au cas par cas, en veillant, bien entendu, à ne pas compromettre la sécurité alimentaire.

En outre, Fevia estime qu’il est important de fournir des informations transparentes au consommateur. Nous prenons dès lors contact avec les autorités belges afin de proposer des solutions alternatives pour informer correctement les consommateurs des changements de recettes. Notre demande ne se limite pas à l’huile de tournesol, mais englobe tous les ingrédients pour lesquels nous nous attendons à une pénurie. Nous vous donnerons des informations à ce sujet dans un prochain article.

Matériaux d’emballage

Le produit de base du film de polypropylène, utilisé dans les emballages, provient à 20% de Russie. L'Ukraine et la Russie sont également d'importants fournisseurs de bouteilles et de bocaux en verre. Comme ils se font rares, on peut s’attendre à ce que le prix de ces emballages augmente également.

Pétrole et gaz

La crainte de ruptures d'approvisionnement a fait flamber les prix de l'énergie dans l'Union européenne. Le prix du gaz a ainsi pratiquement triplé.

Pour un aperçu complet de l’évolution des coûts de production, cliquez ici.

Qu’en est-il des paiements et livraisons ?

Credendo, l’agence de crédit à l’exportation publique belge, a attribué à la Russie et au Bélarus la pire note à court et moyen terme en termes de risque politique. Credendo et Assuralia confirment que les assureurs honoreront leurs engagements pour les contrats en cours. En revanche, pour les nouveaux contrats et les nouvelles livraisons, ils devront revoir leur couverture des risques.

Les entreprises qui ne peuvent pas remplir leurs obligations peuvent contacter leur Chambre de Commerce pour voir si elles ont droit à un certificat dit de « force majeure » si elles ne peuvent pas remplir leurs obligations en raison du conflit en Ukraine.  Pour les coordonnées, cliquez ici.

Plaidoyer pour un système simplifié de chômage temporaire

La suspension ou l’annulation de commandes et la livraison retardée ou annulée de matières premières ont un impact sur la production et donc sur l’emploi. L’ONEM indique que les entreprises peuvent invoquer le chômage temporaire force majeure dans ce cas.

Fevia insiste donc pour une prolongation du système simplifié de chômage temporaire force majeure au-delà du 31 mars 2022. À l’expiration de ce système, nous plaidons à nouveau pour une transition simple vers le système classique du chômage temporaire et une optimisation des procédures de ce système.

Selon les dernières informations, le système de chômage temporaire pour force majeure corona serait prolongé d’un mois. Cela reste à confirmer. Dans tous les cas, nous plaidons pour une prolongation d’au moins un trimestre. Ce trimestre donnerait également à l’ONEM l'occasion de simplifier efficacement le système traditionnel de chômage temporaire.

Séjour et emploi des réfugiés ukrainiens en Belgique

Entre-temps, l’UE a également veillé à ce que les réfugiés ukrainiens reçoivent un permis de séjour temporaire et puissent ainsi accéder facilement à notre système éducatif et à notre marché du travail.

Depuis le 7 mars 2022, les ressortissants ukrainiens peuvent demander cette protection temporaire avec leurs documents d’identité. Cela s’applique tant aux ressortissants ukrainiens résidant en Ukraine qu’aux ressortissants de pays tiers ou aux apatrides bénéficiant d’une protection en Ukraine et aux membres de leur famille.

S’ils remplissent les conditions d’octroi de la protection temporaire, ils reçoivent un certificat de protection temporaire après enregistrement. Avec ce certificat, l’administration communale du lieu de résidence délivre à la personne concernée une carte A valable un an. Vous trouverez toutes les informations ici.

Certains entrepreneurs ukrainiens lancent actuellement une plateforme d’emploi. Via UAtalents.com, vous pouvez publier des offres d’emploi spécifiquement destinées aux réfugiés ukrainiens.

Les entreprises alimentaires belges font preuve de solidarité

Le besoin urgent des Ukrainiens en produits de base est souligné dans un appel de l’homologue ukrainien de l’AFSCA. Ils appellent les pays européens à fournir des aliments et des boissons à des fins humanitaires. Ils ont particulièrement besoin de céréales (pour petit-déjeuner), de pâtes, de sucre et de sel, de biscuits et de barres énergétiques, de farine, de beurre et d’huile végétale, d’aliments pour bébés, de conserves, de produits à base de viande et de légumes.

Il existe déjà plusieurs initiatives spontanées du secteur pour aider la population touchée. Fevia examine avec les organismes officiels et les organisations d’aide d’urgence comment l’industrie alimentaire peut aider au mieux la population touchée dans la région et les réfugiés en Belgique. Cela doit être fait de manière coordonnée.

Nous examinons, entre autres, avec la Fédération Belge des Banques Alimentaires, avec la Bourse aux dons et avec le Consortium belge pour les situations d’urgence Ukraine 12-12, comment nous pouvons les soutenir dans leur assistance. Des informations plus concrètes suivront. Au niveau européen, nous plaidons avec FoodDrinkEurope pour que des corridors sûrs permettent de continuer à approvisionner la région en aliments et boissons.

Vous pouvez lire notre déclaration complète sur la solidarité ici.