Le café, plus branché que jamais

03.04.2018

Cette année, Koffiecafé, l’Association Belge des Torréfacteurs de Café, fête ses 75 ans. C’est le 25 mai 1943 que « l’Association des Torréfacteurs » fut créée à Bruxelles par quelques familles importantes de torréfacteurs belges. Aujourd’hui, l’association du café, qui est en outre membre de Fevia, compte 29 membres et 1 457 travailleurs qui réalisent un chiffre d’affaires annuel de 716,5 millions d’euros. Nous nous sommes attablés avec la secrétaire générale Petty De Sloovere, devant une bonne tasse de café bien entendu et nous avons appris, entre autres, la façon dont le « café nouvelle vague » avait fait son apparition.

Quel lien a notre pays avec le café ?

La Belgique est réputée pour sa grande diversité en cafés. Cela n’est pas étonnant lorsqu’on sait qu’Anvers est le plus grand centre de stockage au monde pour le café vert (non torréfié). Savez-vous que plus de 250 000 tonnes de café sont stockées dans le port d’Anvers et que cela équivaut à 27 milliards de tasses de café ? Notre pays se trouve également à l’intersection de deux grandes cultures de café européennes : ici on trouve aussi bien les cafés plus forts des pays du Sud de l’Europe que les variantes moins fortes qui ont plus de succès dans le Nord.

Quelles sont les évolutions les plus importantes au sein du secteur ?

Les évolutions les plus importantes se présentent plutôt dans la façon dont le café est servi que dans la façon dont le café est torréfié. En Belgique, nous connaissons le filtre à café individuel depuis l’exposition mondiale de 1958 à Bruxelles. Depuis lors, le consommateur de café pouvait faire son café filtre avec une quantité de café moulu parfaitement dosée. Jusqu’à ce jour, la Belgique a été l’un des rares pays à connaître cette méthode de préparation. Presqu’un demi-siècle plus tard, en 2001, une nouvelle méthode de préparation du café a été mise sur le marché avec le système Senseo. Il devenait dès lors beaucoup plus facile de préparer rapidement une tasse de café individuelle. Il ne fallait plus faire de Thermos de café. Avec Nespresso, fut commercialisé un nouveau système de préparation du café à l’aide de petites capsules en aluminium composées de café moulu de longue conservation. Aujourd’hui, on constate une nouvelle évolution. Le buveur de café utilise de plus en plus les machines à café expresso entièrement automatiques avec lesquelles il peut choisir ses grains de café pour créer un délicieux expresso.

Comment voyez-vous évoluer votre secteur dans les prochaines années ? 

Avec l’arrivée de grandes chaînes et de bars à café, le café est devenu à la mode même auprès des jeunes. En très peu de temps, beaucoup de bars à café ont vu le jour dans les grandes villes belges. Souvent, ils ont leurs propres petits torréfacteurs ou microroasters. Ces bars à café servent en plus le café de différentes façons : slow coffee, espresso, cold brew, latté, cappuccino, … Ce « café nouvelle vague » offre de nouvelles perspectives au secteur !

Ces dernières années, les torréfacteurs se sont rendu compte que chaque manipulation au niveau du processus allant de la fève à la tasse de café avait une influence sur le goût final du café. L’accent s’est donc mis encore plus sur l’artisanat que sur la torréfaction. Tout se concentre maintenant sur le profil gustatif idéal et les torréfacteurs recherchent donc des fèves de café de qualité et spécialement sélectionnées qui rendent la torréfaction la plus idéale possible.

Lors de la consommation à domicile, le consommateur choisit aujourd’hui résolument les méthodes de préparation du café pour une seule tasse. La méthode d’emballage a évolué depuis les paquets de café classiques de 250 grammes aux capsules et dosettes de café individuelles. Mais les grains de café font un come-back. Le consommateur est prêt à payer plus pour la facilité d’utilisation, la qualité et l’authenticité. Le café a donc évolué de produit de base traditionnel à spécialité typique.

Y a-t-il aussi des défis ?   

Le café est encore toujours le deuxième produit le plus vendu au monde. C’est pourquoi le prix du café reste volatil et est trop souvent déterminé par les spéculateurs boursiers.

A côté de tout cela, une production durable de café reste un défi. Les effets du réchauffement de la planète se font clairement ressentir. La superficie des plantations de café change doucement de région. A la suite de cette évolution, les cafés de qualité sont cultivés de plus en plus souvent à des altitudes supérieures, à quoi vient s’ajouter le fait que, dans les pays d’origine, différentes maladies du café surgissent régulièrement. 

Il ne faut pas non plus oublier qu’une plante à café demande beaucoup de soins. Ce n’est qu’après 5 ans qu’une plante à café donne sa première récolte.  Beaucoup de plantations de café dans le monde doivent remplacer leurs caféiers par de nouveaux exemplaires plus jeunes. Les caféiers sont souvent remplacés par d’autres plantes plus lucratives qui assurent un rendement plus rapidement. Notons aussi que, dans les pays d’origine, les jeunes ne suivent pas d’office les traces de leurs parents fermiers. Si cette évolution continue, il pourrait y avoir un problème au niveau de la succession.

La combinaison de tous ces facteurs pourrait mener à un déficit du café sur le marché mondial, ce qui mènerait logiquement à des augmentations de prix.

Enfin, quelle a été la réalisation la plus importante de Koffiecafé ces dernières années ?

Le secteur du café belge est un secteur en évolution. D’un secteur composé principalement d’entreprises familiales traditionnelles reprises systématiquement de père en fils/fille, nous évoluons vers un secteur avec beaucoup de nouveaux petits torréfacteurs qui trouvent leur chemin à côté des entreprises familiales traditionnelles bien ancrées. Celles-ci appliquent à leur tour des innovations au niveau du café et de la torréfaction. Grâce à ces évolutions, le niveau du café sur le marché belge a encore augmenté. En tant qu’association professionnelle du café, nous sommes le pont entre les différentes entreprises et leurs besoins et souhaits spécifiques. 

Le secteur a subi une métamorphose avec le partage des connaissances qui, de privé, est devenu accessible, ; de dépassé et ringard, il est devenu moderne, branché et tendance. Le café est à nouveau en vogue.

Vous souhaitez plus d’informations sur le secteur du café ?
Contactez Petty De Sloovere, secrétaire générale de Koffiecafe