Nos boissons en fête !

12.12.2019

À l’approche des fêtes, on se tourne volontiers vers nos boissons rafraîchissantes et nos eaux. Autant de nouveaux goûts qui nous donnent déjà l’eau à la bouche ! Avec David Marquenie, secrétaire général de l’association sectorielle de l’Industrie belge des Eaux et Boissons rafraîchissantes (FIEB), nous parlons entre autres d’innovation, d’emballages durables et d’achats transfrontaliers.

Nos boissons belges en fête !

David, tout d’abord, qu’entend-on par boisson « rafraîchissante » ?

« Une boisson rafraîchissante est une boisson non alcoolisée à base d’eau et contenant ou non du CO2, du sucre, des édulcorants et des arômes. Cela couvre donc une très large gamme de produits avec des compositions et des saveurs qui peuvent être très variées. Nos entreprises innovent énormément et produisent une grande variété de boissons rafraîchissantes.

Le consommateur est souvent à la recherche de boissons moins sucrées que les sodas classiques, mais qui gardent tout de même une saveur spécifique. Et les eaux aromatisées sont la réponse parfaite à cette attente. La gamme des eaux aromatisées est en constante évolution et de nouveaux goûts apparaissent très régulièrement sur le marché. »

Toutes les eaux et les boissons sont-elles produites chez nous ? Peut-on parler d’un produit véritablement local ?

« Une grande partie des boissons présentes sur le marché belge sont en effet produites en Belgique. Par définition, l’eau minérale naturelle et l’eau de source doivent toujours être embouteillées à la source. Il en est de même pour les produits qui utilisent cette eau comme ingrédient principal, comme par ex. les eaux aromatisées ou les boissons rafraîchissantes à base d’eau minérale naturelle ou d’eau de source. Dans tous ces cas, c’est donc la source qui détermine le lieu d’embouteillage. »

Le marché des eaux et des boissons se porte bien chez nous ?

« Depuis quelques années, on a connu une forte augmentation des volumes d’eau minérale naturelle et d’eau de source, un peu aux dépens des boissons rafraîchissantes sucrées. Et depuis 2015, le volume des eaux a dépassé celui des boissons rafraîchissantes. Les boissons light sont quant à elles également en progression constante.

Une catégorie spécifique connait un véritable succès : les eaux aromatisées. Ces boissons, qui ne contiennent souvent ni sucres ni édulcorants, sont de plus en plus populaires et connaissent des taux de croissance annuels de 30 à 40 %. »

Passons aux sujets qui ont animé l’actualité 2019, comme le climat. Aujourd’hui les consommateurs en ont assez des emballages et du plastique.

« On constate dans le discours actuel une aversion pour le plastique en général. Ce que les consommateurs ont tendance à oublier, c’est que les emballages garantissent la qualité maximale du produit jusqu’au moment de sa consommation.

Les entreprises du secteur investissent depuis des années afin de réduire le plus possible leur empreinte écologique. Ceci a notamment permis de réduire de 25 % le poids moyen d’une bouteille en PET entre 2005 et 2016. »

Et que prévoyez-vous pour les années à venir ?

« Le secteur a pris des engagements très ambitieux afin de réduire encore son impact. Ainsi, nos entreprises se sont engagées à collecter 90 % des bouteilles PET d’ici à 2023, de les recycler et d’incorporer au moins 25 % de PET recyclé dans les nouvelles bouteilles en 2023 et 50 % en 2025. Et certaines entreprises individuelles ont pris des engagements allant encore plus loin (www.emballages2025.be).

N’oublions pas que chaque année, le secteur paie déjà 340 millions d’euros de cotisations d’emballages aux autorités belges, en plus de la redevance à Fost Plus pour l’organisation de la collecte sélective et le tri de ses emballages. Les entreprises financent également BeWapp et Mooimakers, les 2 cellules qui soutiennent les communes, les entreprises et les citoyens dans leur lutte contre les déchets sauvages. »

Autre sujet brûlant : la consigne. Êtes-vous pour ou contre ?

« Pour le secteur, le plus important n’est pas d’être pour ou contre la consigne, mais bien de trouver le moyen le plus efficace qui permet de rassembler les bouteilles vides en vue de leur recyclage. Dans certains pays, il peut s’agir d’un système de consigne, mais dans d’autres pays, on peut avoir d’autres méthodes.

J’aimerais citer notre président, Etienne Gossart, qui rappelle souvent que « chaque emballage de boisson parmi les déchets sauvages en est un de trop ». Il faut se dire qu’un emballage de boisson vide n’est pas un déchet, mais une matière première précieuse qui est utilisée pour la production de nouvelles bouteilles. »

Il suffit donc de recycler les bouteilles en plastique et de les réutiliser ensuite ?

« Ce n’est pas tout, c’est un vrai défi. Avec les engagements volontaires et les obligations légales relatifs à l’utilisation de PET recyclé, il est aussi primordial pour nos entreprises de garantir un approvisionnement en PET recyclé en quantités suffisantes et surtout avec une qualité optimale. C’est nécessaire pour garantir au consommateur un emballage qui répond à toutes les normes de sécurité et qui garantit la qualité des produits. »

Il y a donc encore des progrès à faire pour mieux recycler les bouteilles en plastique ?

« En Belgique, le secteur a fondé Fost Plus en 1994 et a développé avec les autres acteurs concernés un système unique au niveau européen : le sac bleu. Grâce à ce système déjà très performant à ce jour, plus de 80 % des bouteilles PET sont collectées et recyclées. Mais il faut faire encore mieux. De plus, afin d’augmenter encore les performances et d’assurer la qualité des matériaux collectés, toute une série de projets et d’actions sont mis en place. »

Concrètement ?

« Par exemple, Fost Plus travaille à l’élargissement du sac bleu afin de collecter tous les types d’emballages ménagers en plastique. Ceci nécessitera une adaptation des centres de tri, qui deviendront encore plus performants et seront à terme capables de trier une quinzaine de matériaux différents. 

Il faut également développer des solutions afin de mieux capter les flux « out of home », c’est à dire les emballages de boissons qui n’ont pas été achetées dans les commerces « classiques » comme les grandes surfaces. »

Les gens sont encouragés à boire de l’eau du robinet et la gourde a la cote. N’est-ce pas plus économique et écologique que l’eau en bouteille ?

« L’eau minérale naturelle et l’eau de source d’une part, et l’eau du robinet de l’autre sont des produits complémentaires mais différents. L’eau minérale naturelle et l’eau de source doivent être potables à la source et ne peuvent subir aucun traitement chimique ni microbiologique. L’eau du robinet quant à elle doit être traitée chimiquement afin d’en garantir la potabilité jusqu’au consommateur final.

L’eau minérale naturelle est caractérisée par sa pureté d’origine et est la seule qui peut faire l’objet d’allégations de santé. La raison est simple : seule l’eau minérale naturelle a une composition stable dans le temps. »

Question santé, les Belges sont toujours autant amateurs de sodas, mais on constate que la composition de ces boissons a changé.

« Le Belge est depuis toujours un amateur de boissons rafraîchissantes et d’eau en bouteille. Mais l’on constate tout de même des évolutions au sein même de cette catégorie de boissons. La consommation de boissons rafraîchissantes sucrées est en baisse depuis des années, au profit de l’eau et des boissons sans ou avec peu de sucre.

Le secteur s’est engagé à réduire de 25 % la teneur moyenne en sucre des boissons rafraîchissantes sucrées entre 2000 et 2020. Lors du monitoring effectué en 2017, le seuil des 20 % avait déjà été dépassé. Nous sommes dont assez certain que l’objectif sera atteint, si pas dépassé. En Belgique, la part des boissons « lights » est de 33 %. Quand on regarde spécifiquement les sodas pétillants, la part des « lights » atteint déjà 40 %, contre 26 % comme moyenne européenne ! »

Et au niveau du marketing ?

« Les entreprises ont adapté leur stratégie de marketing afin de mettre plus en avant les boissons contenant moins de sucre ou plus de sucre du tout. Et depuis 2018, les entreprises n’offrent plus de sodas sucrés dans les distributeurs automatiques dans les écoles secondaires.

De plus afin de donner aux consommateurs des informations objectives sur les édulcorants et leur utilisation, la fédération a créé la plateforme www.edulcorants.eu. Toutes les informations sur cette plateforme ont été validées par des scientifiques indépendants. »

Parlons un peu des taxes. Vous aviez annoncé que l’augmentation des accises sur les boissons rafraîchissantes poussait de plus en plus les Belges aux achats transfrontaliers. Qu’en est-il aujourd’hui ? 

« On constate en effet une augmentation constante des « achats transfrontaliers » depuis l’introduction en 2004 de la cotisation « emballages ». Cette augmentation est de 6 à 7 % chaque année,  et quand le gouvernement decide d’augmenter les tarifs ou d’introduire de nouvelles taxes qui creusent encore l’écart des prix entre la Belgique et les pays voisins, on voit que ces achats transfrontaliers augmentent encore plus fort.

Ainsi, ladite taxe « sucre » a doublé au 1er janvier 2018 et l’effet sur les achats transfrontaliers ne s’est pas fait attendre : + 15,6 % en 2018. À chaque fois, l’Observatoire des Prix constate que la politique fiscale des autorités est la principale cause de l’inflation pour le secteur des boissons non alcoolisées. »

Quel impact ces évolutions ont-elles sur la production des boissons chez nous ?

« Chaque litre d’eau ou de boisson rafraîchissante qui est acheté à l’étranger, est un litre qui n’a pas été produit par une entreprise belge. Cela représente donc un manque à gagner, tant pour les entreprises que pour les autorités. En effet, ce volume acheté à l’étranger correspond pour les autorités à une perte d’environ 43 millions en recettes provenant de la cotisation emballages, des accises et de la TVA.

Pour les entreprises, cette baisse du volume a un effet négatif pour la rentabilité et pourra à terme avoir des répercussions sur l’emploi. »

Pour conclure à l’approche des fêtes de fin d’année, des campagnes comme Tournée Minérale nous encouragent à boire moins d’alcool. On suppose donc que les Belges boivent plus d’eau et de boissons rafraîchissantes, y compris durant les fêtes ?

« Les fêtes de fin d’années sont effectivement un moment important pour le secteur, car nos boissons sont bien évidemment présentes sur toutes les tables. Mais ce qu’on sait peut-être moins c’est que l’eau et la gastronomie vont de pair. Nous avons organisé un workshop dédié au « food pairing » pour illustrer l’impact que peut avoir une eau minérale naturelle sur la perception du goût. Tout comme pour le vin, il est possible d’adapter le type d’eau au cours du repas. Nous avons créé la page Facebook L'eau au resto sur laquelle nous partageons des informations et des conseils sur l’eau et la gastronomie.

Bien sûr, pour la plupart des Belges, les eaux minérales naturelles et les eaux de source plates ainsi que les eaux pétillantes font plus que jamais figure d’alternative majoritaire face aux boissons alcoolisées. Et elles sont particulièrement appréciées durant les repas copieux de Noël ou de Nouvel An. »

Souhaitez-vous avoir plus d'infos sur le secteur belge des eaux et des boissons ? N’hésitez pas à contacter David Marquenie, Secrétaire général de la FIEB.

La FIEB fait partie des 26 secteurs représentés par Fevia, la fédération de l’industrie alimentaire belge. Pour en savoir plus sur les 26 secteurs alimentaires belges, découvrez la brochure de Fevia et ses 26 secteurs.