Une gestion durable des emballages ? L’avis de l’expert Peter Ragaert

18.07.2019

Le 15 juin dernier, Fevia a lancé le site web www.emballages2025.be. Celui-ci résume les 6 engagements en matière d’emballages du secteur à l’horizon 2025. Avec des exemples concrets, le secteur et des entreprises individuelles montrent comment notre pays souhaite rester le champion de la gestion plus durable des emballages. Mais à quel point ces engagements sont-ils ambitieux ? Ces objectifs sont-ils tout à fait réalisables ? Nous avons interviewé l’expert en emballages Peter Ragaert, professeur en technologie d’emballages à l’UGent et manager de projets chez Pack4Food.

Peter Ragaert over doelstellingen verpakkingen2025

Bonjour Peter, pouvez-vous d’abord nous en dire plus sur votre expertise ?

« Je suis professeur à l’UGent et j’enseigne les technologies d’emballages. Je suis également manager de projets chez Pack4Food, un consortium érigé en 2005 et composé d’instituts de recherche flamands et d’entreprises impliquées dans l’emballage de produits alimentaires. Il s’agit actuellement de 71 entreprises de différents secteurs : aussi bien les producteurs d’aliments et d’emballages que les producteurs de machines de remplissage et d’autres acteurs de l’emballage alimentaire. Pack4Food les accompagne afin de pouvoir définir avec eux quel est l’emballage optimal pour leur produit. Un emballage qui combine fonctionnalité, facilité d’utilisation et durabilité. Chez Pack4Food, la coopération entre les différents maillons de la chaine d’emballage est primordiale. »

Que pensez-vous des 6 engagements pris par l’industrie alimentaire et d’autres secteurs ?

« Je trouve que ce sont des engagements ambitieux qui sont également pertinents. Les 6 objectifs tiennent compte des différents aspects des emballages alimentaires. Dans ce cadre, il faut toujours partir du cycle de vie d'un emballage : à commencer par les matières premières, la production, l’utilisation, puis la collecte, ensuite le tri et enfin le recyclage. Je constate que l’industrie alimentaire tient bien compte des aspects différents du cycle de vie et les associe chacun à un des 6 objectifs. On trouve notamment des objectifs qui visent les matières premières comme investir dans des emballages mieux recyclables. D’autres se concentrent sur la fin de vie : par exemple en triant davantage. »

Que faut-il faire pour atteindre ces objectifs ?

« Si l’on veut travailler à une gestion durable des emballages, on ne peut y parvenir que par une coopération durable avec tous les maillons de la chaîne : les concepteurs d'emballages, les producteurs d'emballages qui choisissent les matières premières, les entreprises alimentaires et aussi les entreprises de recyclage. Chaque maillon de la chaîne a son importance. Il faut donc une coopération efficace. Cela permet une responsabilité partagée.

Les consommateurs doivent aussi être impliqués. Ils ont également une responsabilité. Ils peuvent contribuer à la lutte contre les déchets sauvages et doivent trier leurs déchets d'emballages correctement. En matière de déchets sauvages, les actions de BeWapp et de Mooimakers vont dans le bon sens, mais nous devons tous aller encore plus loin. »

Que signifie une telle coopération entre les différents maillons de la chaîne ?

L’exercice consiste à constamment bien peser les pour et les contre. L’emballage sert à protéger le produit et à garantir sa qualité et sa bonne conservation. On se retrouve face à une dualité : il faut faire en sorte que les emballages soient soit recyclables soit réutilisables. Mais dans le cas d’emballages recyclables, ceux-ci doivent être les plus simples possibles et idéalement constitués d’un seul type de matériau. La question est alors de savoir jusqu’à quel point ils peuvent facilement intégrer la machine d’emballage, garantir suffisamment de résistance et de durabilité. Une concertation étroite entre les entreprises alimentaires, les producteurs d’emballage, et le secteur du recyclage et de la recherche est primordiale.  

Quel est l’enjeu principal pour rendre les emballages plus durables ?

« En tant qu’entreprise, ce n’est pas simple de faire le bon choix en matière d’emballages. C'est pourquoi, Pack4Food a créé CIRCOPACK en collaboration avec le pôle d’innovation flamand Flanders’ FOOD avec le soutien de VLAIO et Fevia comme l’un des partenaires. Par le biais de calculs de cycle de vie (Life Cycle Analysis), ce projet va comparer l’impact environnemental de différents emballages alternatifs pour environ 5 produits alimentaires, tout en tenant compte de l’effet sur les pertes alimentaires et les possibilités de recyclage. Le but est de fournir aux entreprises un outil leur permettant de déterminer par elles-mêmes, en connaissance de cause, le meilleur matériau pour conserver leur produit et son impact environnemental. »

Savons-nous à quoi ressemblera l’emballage du futur ?

« Afin d’apporter une réponse à cette question, nous développons une roadmap ensemble avec les pôles d’innovation Flanders’ FOOD, VIL, SIM et Castalisti et plusieurs acteurs de la chaîne. L’objectif est d’examiner ensemble ce à quoi doit ressembler l’emballage en 2030. Nous nous basons sur 3 piliers : les emballages circulaires, les emballages intelligents et personnalisés, et les emballages et la logistique. La circularité y est l’un des défis principaux. » 

Enfin, la question à laquelle tout le monde attend une réponse : les 6 engagements sont-ils réalisables ?

« Absolument. Les différents acteurs de la chaine d’emballage alimentaire sont pleinement engagés dans le recyclage ou la meilleure recyclabilité des emballages. Le verre, le métal, le papier, le carton ainsi que plusieurs matières plastiques (monocouches) sont facilement recyclables. Les emballages en plastique constitués de plusieurs couches restent un enjeu de taille. Une tendance se dégage clairement : nous évoluons vers une sorte de simplification, c’est-à-dire qu’on utilise moins de sortes de plastique. Dans de nombreux cas les structures multicouches sont remplacées par des structures monocouches avec ou sans revêtement. Cela rend les emballages plus faciles à recycler.

Pour recycler efficacement, nous avons besoin d’un système de tri et de collecte performant. Nous constatons des évolutions dans ce sens. Pensez notamment à l’extension du sac bleu. Toutes ces actions démontrent que l’industrie fait tout ce qui est en son pouvoir pour respecter ses engagements. »

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