10 pistes de réflexion issues d’un dialogue sur le prix « correct »

31.01.2024

Le dialogue est au cœur de la roadmap de l'industrie alimentaire belge en matière de développement durable à l'horizon 2025. C'est pourquoi Fevia organise deux fois par an des tables rondes au cours desquelles nous cherchons des moyens d'atteindre nos objectifs avec les parties prenantes. 

Le mercredi 22 novembre, nous nous sommes installés pour la quatrième table ronde à l'Union Wallonne des Entreprises à Louvain-la-Neuve. Cette fois-ci, l'accent a été mis sur le quatrième pilier de la roadmap de développement durable, à savoir : « créer ensemble de la valeur », et plus particulièrement sur le prix « correct ». Ce thème s'inscrit dans les objectifs 27 « Renforcer la compétitivité de nos entreprises » et 30 « Garantir de solides partenariats et des pratiques commerciales loyales dans la chaîne d'approvisionnement » de notre roadmap. Cette table ronde nous a permis de dégager les dix idées suivantes.

Lisez le rapport complet de notre table ronde,
y compris des citations de participants et des exemples de nos entreprises.

1. Le temps presse

Nous faisons partie d'un système alimentaire européen avec une dynamique bien à lui. Chacun est actuellement confronté à une immense transition nécessitant des investissements importants, alors que les revenus de chaque maillon de la chaîne alimentaire chutent. Cette situation très préoccupante entraîne des défis pour maintenir notre rôle sociétal et économique pour le pays. Notre position concurrentielle par rapport aux concurrents étrangers pourrait notamment se dégrader. Il est urgent d’agir maintenant pour déterminer l'avenir de demain. 

2. Besoin d’une vision et d’une approche à long terme

Nous pouvons agir dès maintenant, mais le développement des activités, les investissements notamment dans la durabilité, la sensibilisation des consommateurs et les décisions politiques à différents niveaux nécessitent une vision et une approche claires et cohérentes à long terme. Le développement de collaborations entre maillons de la chaîne et avec les responsables politiques, sur base d’une vision partagée, doivent contribuer à déterminer le contexte à plus long terme. Cela peut se faire à court terme par la mise en place de projets pilotes.

3. Le prix « correct » à chaque étape 

Le prix « correct » ou « juste » est une donnée complexe composée de nombreuses facettes, dont entre autres  : les investissements consentis ou planifiés (par exemple, en matière de durabilité), des pratiques commerciales loyales, une rémunération correcte de chaque acteur, et les taxes. Selon les participants, la communication de la différence entre ce prix « correct » et le prix effectif à payer par le consommateur n'aura que peu d'impact sur le comportement d'achat de celui-ci. Pour les consommateurs, c'est principalement le rapport qualité-prix qui reste déterminant. C’est pourquoi il est donc important que ces facettes soient prises en compte à chaque étape du produit, de la fourche à la fourchette. 

4. Une plus grande fierté pour nos produits de qualité

Plutôt que d'essayer de justifier ou de comprimer les prix, nous devrions (re)valoriser nos produits « locaux » de manière à ce que les consommateurs soient prêts à payer un prix juste pour ceux-ci. Outre les initiatives régionales de portée limitée visant à promouvoir les produits belges de qualité, il est donc absolument nécessaire de lancer des campagnes de sensibilisation plus vastes afin de susciter davantage de fierté chez les consommateurs.

5. Des produits locaux, mais surtout des relations locales

Le terme de produits « locaux » ne peut tout couvrir, car l’approvisionnement en matières premières peut être, par la force de la nature, géographiquement éloigné. De plus, dans notre contexte, le terme « local » devrait plutôt être «  européen  ». Le « circuit court  » est une approche différente qui offre un avantage : cela crée une transparence sur la qualité et le (meilleur) prix. 

Tout en étant attaché à notre ancrage belge, nous devons, en tant que petit pays à l'économie ouverte, garder un œil sur le monde. Il doit rester de la place pour les importations ainsi que pour les exportations. De plus, certains produits, pour des questions de compétitivité, doivent être fabriqués à une certaine échelle. Il ne faut donc pas opposer les différents concepts, mais plutôt encourager et renforcer, là où c’est possible, les relations entre acteurs locaux/européens.

6. Revalorisation de la concertation de chaîne

Il existe des mécanismes d'intervention et des structures de consultation pour la détermination des prix, mais ils sont limités à quelques produits. Dans ce cadre-là, la concertation de chaîne peut jouer un nouveau rôle de facilitateur. Certaines discussions de première importance peuvent être menées, comme dans le cadre de la concertation sociale, et dépasser la vue à court terme. D'autres travaux peuvent être menés sur les méthodes de détermination des prix au niveau de la chaîne, qui peuvent servir de cadre au sein des branches. Les collaborations durables apportent d'autres avantages, tels que la résilience, une confiance accrue, des relations à long terme avec les acheteurs, la stabilité et la transparence. 

7. Transparence = confiance

Chacun est conscient de son rôle, s'efforce de limiter son impact et évolue positivement. Les consommateurs doivent être encore mieux informés. Une communication claire et transparente permet non seulement de renforcer la confiance, mais aussi d'améliorer la collaboration, d'obtenir des prix corrects, des accords et des règles du jeu clairs.

8. Des partenariats par filière

Une approche à l'échelle du marché dans son ensemble ne donnera pas grand-chose. Après tout, chaque groupe de produits est différent. Il est plus efficace et plus facile de mettre en place par filière des projets pilotes, de définir la durabilité, les défis et les priorités. En outre, les projets communs au sein d'une filière produiront des résultats et des conclusions pour la plupart des acteurs de cette filière, ce qui réduira le coût du projet par partie prenante.

9. Un leadership partagé par les gouvernements et les secteurs

Les différents gouvernements ont un rôle important à jouer, notamment pour développer une vision à long terme, fixer des règles et des accords-cadres, effectuer des contrôles, créer un level-playing field aux niveaux fiscal et règlementaire. Toutefois, ils ne doivent pas toujours être à l'origine de ces mesures. L'industrie peut bien entendu prendre l'initiative, par exemple pour des campagnes de sensibilisation, des initiatives autour de l'agriculture régénératrice et le développement d'une vision.

10. Plus forte adhésion des consommateurs     

Les consommateurs sont un élément clé. D'une part, il y a quelque 11 millions de Belges à qui nous devons continuer de garantir l'accès à une alimentation saine. D'autre part, il appartient aux consommateurs d’opter et de payer pour nos produits de qualité. Cependant, ces consommateurs ne sont pas toujours sensibilisés à des questions telles que la durabilité et des prix corrects pour tous. . Sur ces sujets, il est essentiel que le secteur agro-alimentaire et les autorités communiquent de manière claire, accessible et transparente afin d'informer et sensibiliser efficacement.