Evolution des marges – Episode 1: aperçu global

13.02.2024

 

Le SPF Economie vient de publier une actualisation de son étude de décembre 2022 qui décrivait l’évolution des prix dans la filière alimentaire et qui analysait le mécanisme de transmission des prix en Belgique et dans les pays voisins. Conclusion : tout le système agro-alimentaire est sous pression.

Agriculture : après 2 mauvaises années, (certains) revenus s’améliorent

Au niveau du secteur agricole, les données montrent qu’en 2022, avec l’envolée des prix agricoles pour plusieurs productions importantes, la valeur de la production a beaucoup augmenté. Mais les coûts ont également fortement progressé. Le revenu net s’est néanmoins significativement amélioré par rapport à ceux de 2020 et 2021 (deux mauvaises années).

Etant donné la récente baisse des coûts de production et le maintien de prix élevés pour certaines productions agricoles, l’année 2023 devrait être encore meilleure. Cette vue globale cache néanmoins d’importantes disparités entre les orientations technico-économiques. Certains sous-secteurs, comme la production porcine ou la fruiticulture, ont vu en 2022 leur marge se dégrader encore davantage.

Industrie alimentaire : une marge au plus bas en 2022

Dans le secteur alimentaire, la marge 2022 globalisée a diminué de 20% par rapport à 2021, et représente la marge la plus faible de la période 2017-2022. Cette diminution de la marge nette touche la grande majorité des sous-secteurs.

Bien sûr, le résultat global d’un secteur peut être fortement influencé par ses principales entreprises et dès lors masquer de fortes variations en son sein, d’où l’importance d’examiner la distribution. L’analyse de la médiane montre que la baisse de la marge nette en 2022 par rapport à l’année précédente est plus marquée encore. L’analyse montre aussi que ce sont surtout les petites entreprises qui ont vu leur marge se contracter. De plus, la part des entreprises affichant une perte d’exploitation en 2022 a aussi fortement augmenté (23,7 % en 2022 contre 15,8 % en 2021).

Pour l’industrie des boissons, la marge nette a aussi diminué en 2022 par rapport à 2021 (baisse de 21 %). Pour ce secteur, la diminution importante de la marge nette s’observe aussi bien chez les grandes entreprises que chez les petites.

Pour 2023, le modèle théorique développé par le SPF Economie semble suggérer que, dans presque toutes les filières étudiées, la marge s’améliore par rapport à 2022.

Commerce de détail : 28% des entreprises en perte d’exploitation en 2022

Pour la grande distribution, l’analyse des marges nettes en 2022 à partir des comptes annuels confirme que la marge nette s’est globalement contractée, passant de 1,93 % en 2021 à 1,16 % en 2022 (qui est le point le plus faible de la période analysée 2017-2022). Cette diminution de la marge nette s’observe également dans l’ensemble des sous-secteurs du commerce de gros et de détail de produits alimentaires (incluant le commerce spécialisé). La proportion d’entreprises affichant une perte d’exploitation en 2022 par rapport à 2021 a aussi augmenté dans les différentes branches, surtout dans le commerce de détail.

Pour 2023, les tendances dégagées par le modèle théorique sont moins claires, mais c’est le statu quo des marges qui semble dominer, avec des coûts qui continuent à croître en début d’année, mais redescendent ensuite alors que les prix de vente s’inscrivent dans une dynamique de stabilisation.

Conclusion : système agro-alimentaire sous pression

Au niveau de la transmission des prix d’un maillon de la chaîne agro-alimentaire à un autre, en prenant 2019 comme point de départ commun (indice 2019=100), on assiste à une convergence des indices des différents maillons. En effet, l’indice des matières premières, celui des prix industriels et celui des prix à la consommation se sont rejoints en septembre 2023 (ces prix se trouvent autour de 32% plus élevés qu’en 2019). Les conséquences en termes de rentabilité sont des marges nettes dans toutes les filières mises sous forte pression au niveau de la distribution et plus encore de la transformation. La deuxième semestre de 2022 a permis une « récupération », mais elle n’a pas empêché une compression de la marge globale en 2022. Les évolutions mensuelles des indices de prix au cours des 10 premiers mois de 2023 laissent penser que les marges vont retrouver un meilleur niveau au cours de cette année.

 

Note de la rédaction Fevia : l’étude du SPF Economie se base sur les indices de prix jusqu’au mois d’octobre 2023. Le graphique ci-dessous, avec les données jusqu’au mois de décembre, tempère quelque peu la convergence des trois indices de prix. En particulier, le prix des matières premières semble repartir à la hausse. Cela tempère quelque peu le regain d’optimisme concernant les marges en 2023.

 

 

 

A suivre : épisode 2 « Les marges dans l’industrie alimentaire »