Hausse de coûts : appel urgent à l’adresse de tous les acteurs et des autorités publiques

29.03.2022

NOTE CONCERTATION DE LA CHAINE
A l’initiative de Fevia, les organisations représentant la chaine agro-alimentaire lancent un appel commun vers l’ensemble des acteurs de la chaine ainsi que vers nos décideurs politiques afin de parvenir ensemble à traverser cette crise sans précédent. Voici cet appel.

L’explosion des coûts de production dans la chaîne agro-alimentaire depuis la mi-2020 s’est encore renforcée en raison de l'invasion russe en Ukraine. Au vu des circonstances extrêmes, les organisations représentant le secteur de l'alimentation animale, l'agriculture et l'horticulture, l'industrie alimentaire et le commerce au sein de la concertation de la chaîne, demandent que tous les acteurs de la chaîne alimentaire accordent une attention particulière à cette problématique et l'abordent avec bon sens, compréhension et la flexibilité nécessaire, afin qu'ensemble nous puissions veiller à ce que l'impact soit réparti équitablement tout au long de la chaîne. Une partie de la hausse des coûts devra aussi en fin de compte être prise en charge par le consommateur. Nous demandons également aux pouvoirs publics d’intervenir dès à présent afin d’éviter que la situation ne soit fatale à très court terme pour certains maillons au sein de la chaine agroalimentaire.

Explosion des coûts de production dans la chaîne agro-alimentaire depuis la mi-2020

Les chiffres de la FAO, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, montrent qu'entre juin 2020 et décembre 2021, les prix des produits agro-alimentaires ont augmenté de pas moins de 43 %. Cette explosion des prix a été provoquée par une réduction de l'offre mondiale, notamment en raison des conditions climatiques et des mauvaises récoltes, par des changements dans les habitudes de consommation dus à la crise du coronavirus, par une forte augmentation de la demande avec la reprise de l'économie mondiale et par des problèmes logistiques persistants résultant de la crise du coronavirus.

Le prix des matériaux de construction est également en augmentation, entraînant une hausse du coût des bâtiments, ainsi que le coût des composants électriques et des matières plastiques. En outre, les entreprises des différents maillons de la chaîne agro-alimentaire paient également plus cher les emballages, le transport, l'énergie et d’autres intrants, et les coûts salariaux ont également augmenté (en raison du mécanisme d'indexation automatique des salaires). Dans le même temps, elles doivent continuer à assurer l’approvisionnement alimentaire et elles ne peuvent pas simplement remplacer leurs matières premières et intrants, leurs ingrédients et emballages. 

Il s’agit d'une combinaison de facteurs, tant au niveau local que mondial, dans l’ensemble des secteurs, qui a conduit à une augmentation considérable des coûts que personne n'aurait pu prévoir. Dans ces circonstances, les prix plus élevés ne sont en aucun cas le reflet de marges plus importantes, bien au contraire.

Nouvelle augmentation des coûts de production en raison de l'invasion russe en Ukraine

L'invasion russe et, en particulier, les craintes de sanctions et de ruptures d'approvisionnement ont fait grimper les prix de l'énergie et des matières premières dans l'Union européenne. Cette situation aura un impact majeur sur les coûts de production de l’ensemble de la chaîne agro-alimentaire, qui est relativement intensive en énergie. Les prix des matières premières alimentaires (à la fois pour la consommation animale et humaine) montent également en flèche. Les prix du blé meunier et du maïs sur le marché européen, par exemple, ont atteint respectivement le seuil de 400 et 350 euros par tonne pour les mois de mai et juin, alors que la guerre en Ukraine perdure et que l'approvisionnement en céréales suscite des inquiétudes. Entre début janvier et mi-février, le prix moyen s’élevait encore à 270 €/t pour le blé et 250 €/t pour le maïs.

Difficultés (temporaires) d’approvisionnement

En sus du problème de la flambée des prix se pose aussi de plus en plus celui de l’approvisionnement. En effet, la Russie et l’Ukraine sont des producteurs/fournisseurs essentiels pour un certain nombre de matières premières. Cette situation perturbe par conséquent l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement.  Chaque jour, les producteurs reçoivent de plus en plus de notifications concernant l'indisponibilité d'ingrédients et de matériaux d'emballage (notamment l’amidon, les huiles, émulsifiants, colorants, emballages en verre, etc.) Les produits doivent dès lors être reformulés au moyen de matières premières et d’ingrédients alternatifs ou leur production est tout simplement suspendue temporairement.

Il est difficile de prévoir comment la situation va évoluer et se répercuter dans la chaîne agro-alimentaire (essentielle). 

Effet colibri

Au vu des circonstances extrêmes, les organisations représentant le secteur de l'alimentation animale, l'agriculture et l'horticulture, l'industrie alimentaire et le commerce au sein de la concertation de la chaîne, demandent que tous les acteurs de la chaîne alimentaire accordent une attention particulière à cette problématique et l'abordent avec bon sens, compréhension et la flexibilité nécessaire, afin qu'ensemble nous puissions veiller à ce que l'impact soit réparti équitablement tout au long de la chaîne.

Les organisations demandent également aux différents acteurs d'établir un dialogue continu entre les partenaires afin de discuter conjointement des événements imprévus (par exemple, les augmentations de coûts ou ruptures d'approvisionnement imprévues) et de trouver des solutions. 

Par ailleurs, une partie de la hausse des coûts devra en fin de compte être prise en charge par le consommateur. C'est important à court et à plus long terme pour éviter les problèmes de rentabilité dans la chaîne, pour ne pas compromettre la reprise économique indispensable et ne pas mettre en péril la diversité de l'offre, l'emploi et les investissements - qui représentent la croissance, l'innovation et les emplois de demain - dans les secteurs concernés.

Appel adressé aux autorités

La résilience de la chaîne agro-alimentaire est mise à rude épreuve. Cependant, si la situation perdure, voire même s’aggrave, il se peut que cela soit fatal à très court terme pour certains maillons sans une intervention en amont des pouvoirs publics. On peut penser notamment aux coûts et à la disponibilité des matières premières et aux coûts énergétiques. 

En ces temps d’incertitudes, il est aussi demandé aux autorités de faire preuve de souplesse et de pragmatisme, notamment en matière d’étiquetage des produits alimentaires dont les ingrédients doivent être adaptés en raison de leur indisponibilité du fait de la guerre en Ukraine. De plus, un stand-still en matière de charges et d’obligations est indispensable pour ne pas ajouter des surcoûts supplémentaires aux acteurs de la chaîne.

Les organisations de la chaîne agro-alimentaire se tiennent à la disposition de nos autorités politiques pour envisager toutes les options possibles afin de renforcer la résilience de la chaîne agro-alimentaire en Belgique, à court terme comme à moyen-long terme.

Il s'agit d'une préoccupation partagée et d'un appel commun de tous les partenaires de la chaîne:

  • Agrofront (ABS, Boerenbond, FWA)
  • BFA (Belgian Feed Association)
  • BABM
  • Comeos
  • Fevia
  • UCM
  • Unizo