L’augmentation conséquente des prix des matières premières appelée à durer

29.03.2022

La FAO a évalué quel serait l'impact potentiel sur les prix internationaux des denrées alimentaires d'une réduction des exportations de céréales et d'huile végétale en provenance d'Ukraine et de la Fédération de Russie. Si le conflit maintient les prix du pétrole brut à des niveaux élevés et prolonge le déficit d’approvisionnement mondial, les prix des denrées alimentaires et des aliments pour animaux pourraient augmenter en 2022 de 8 à 22 % par rapport à leurs niveaux déjà élevés de 2021. Et l’impact pourrait être encore plus lourd dans les années à venir.

En raison des nombreuses incertitudes qui entourent le conflit lui-même, notamment sa durée et son ampleur, et compte tenu de son potentiel à infliger des dommages durables aux actifs productifs et aux infrastructures annexes, la FAO a simulé deux scénarios distincts pour évaluer l'impact d'une réduction des exportations des Ukrainiens et des Russes pendant cinq saisons, jusqu'à la campagne de commercialisation 2026/27.

  1. Un choc modéré dans lequel les exportations de blé et de maïs de l'Ukraine et de la Russie ont été réduites de 10 millions de tonnes chacune, tandis que leurs exportations d'autres céréales ont été réduites de 2,5 millions de tonnes et celles d'autres oléagineux de 1,5 million de tonnes;
  2. Un choc sévère, entraînant une réduction de 25 millions de tonnes de leurs exportations combinées de blé et de maïs en 2022/23, ainsi qu'une réduction de 5 millions de tonnes de leurs exportations d'autres céréales secondaires et une réduction de 3 millions de tonnes de celles d'autres oléagineux.

Pour les années 2023-2026, l'ampleur des réductions des exportations ukrainiennes et russes de céréales et d'huile végétale a été maintenue en ligne avec celle-ci-dessus.

Les deux scénarios reposent sur l'hypothèse selon laquelle les prix de référence du pétrole brut atteindraient 100 USD par baril en 2022/23, par rapport à une valeur de référence initiale de 75 USD par baril. Ensuite, les prix du pétrole brut resteraient sur une trajectoire ascendante pour atteindre 108 USD par baril en 2026/27.





 

 

Augmentation des prix jusqu’à 20 % en 2022

Par rapport à leurs valeurs de référence déjà élevées en 2021, les prix du blé augmenteraient en 2022 de 8,7 % dans le scénario modéré et de 21,5 % dans le scénario dans le cas du choc sévère. Pour le maïs, l'augmentation serait de l'ordre de 8,2 % dans le scénario modéré et de 21,5 % dans le scénario sévère. Pour les autres céréales, les prix augmenteraient de 7 à 19,9 %, et de 10,5 à 17,9 % pour les autres oléagineux.

La FAO insiste aussi sur le fait que les répercussions sur le marché se feraient également sentir dans les secteurs connexes. Par exemple, une réduction de l'offre exportable d’oléagineux (principalement le tournesol) entraînerait une hausse des prix des autres oléagineux. Une réduction des disponibilités de blé fourrager et de maïs entraînerait également une hausse des prix des produits d'alimentation animale. Combinés, ces facteurs entraîneraient une hausse des prix du bétail. Les secteurs de la volaille et du porc, plus gourmands en aliments pour animaux, seraient les plus touchés.

Les prix à des niveaux nettement plus élevés que prévus aussi entre 2023 et 2026

Même si les producteurs d’autres pays que l’Ukraine et la Russie augmentaient leur production en réponse aux prix plus élevés provoqués, un écart d'offre considérable subsisterait sur le marché mondial. Dans le scénario modéré, ce taux de compensation ou cette part du déficit d'exportation mondial couverte par les origines non russes et ukrainiennes au cours des cinq prochaines saisons se situerait entre 30 et 52 % pour le maïs et entre 19 et 48 % pour le blé. Dans un scénario sévère, le taux de compensation se situerait entre 47 et 67 % pour le maïs et entre 30 et 57 % dans le cas du blé.

Ce déficit d’approvisionnement maintiendrait à des niveaux élevés les prix internationaux des produits de base dont les parts d'exportation ukrainienne et russe sont importantes. Ainsi, par rapport à leurs valeurs de référence, en 2026/27, les prix du blé augmenteraient de 10 % dans le scénario modéré et de 19 % dans le scénario sévère. De même, le prix du maïs projeté par la simulation serait supérieur de 8,5 % et de 14 % à la base en 2026/27.

Dans les secteurs connexes, les prix du bétail seraient supérieurs de 3 à 6 % aux niveaux de base en 2026/27 dans le scénario modéré et de 5 à 10 % dans le scénario sévère.