Le secteur bio poursuit une croissance durable

01.10.2020

Pas de doute, le bio a le vent en poupe. D’après BioForum, l’organisation sectorielle de l'agriculture et l'alimentation biologiques en Flandre, le secteur se développe en réalité depuis des années. La fédération représente l'ensemble de la chaîne bio, des agriculteurs aux entreprises de transformation, en passant par les points de vente. Le bio connaît aujourd’hui un véritable essor, mais ce secteur est en fait en progression depuis des années. L’offre de produits bio ne cesse d’augmenter et nous donne aujourd’hui la possibilité de choisir parmi une large gamme de produits variés. Mais ce qui fait la particularité du secteur bio, selon la directrice de BioForum, Lieve Vercauteren, c'est « qu'il repose sur une conviction de durabilité ».

BioForum (Crédit photo : Pieter-Jan Peeters)

 

Lieve, pourrais-tu nous présenter brièvement BioForum ?

« Le secteur bio en Flandre est en réalité un secteur transversal. Le bio ne concerne pas un mais toutes sortes de produits qui obtiennent la certification bio. En Europe et donc également en Belgique, le secteur bio est strictement réglementé. En tant qu'entreprise, vous ne pouvez pas vous contenter de vendre des produits bio : vous devez introduire une demande de label et prouver que vous respectez la législation européenne. A ce titre, des organismes indépendants et reconnus effectuent des contrôles. Ce qui fait aussi la spécificité de notre secteur, c'est la coopération qui existe et que nous encourageons au sein de la chaîne, entre nos agriculteurs et transformateurs. »

Quels produits bio vos membres mettent-ils sur le marché ?

« L’éventail de produits est très large. Aussi bien des entreprises de transformation de légumes que des producteurs de produits laitiers, viande, café et boissons peuvent devenir membres de BioForum, pour autant qu’ils aient la certification requise pour produire bio. La Flandre compte 850 entreprises de transformation. 17% d’entre elles produisent exclusivement des produits biologiques. En Wallonie, l’on dénombre 650 entreprises agréées, disposant d’une certification pour la transformation du bio et à Bruxelles, une centaine. Il s'agit, par exemple, de toutes petites entreprises, et même de points de vente qui proposent des préparations bio, jusqu’à de très grandes entreprises. Le secteur bio est donc un secteur très diversifié, tant au niveau des produits que de la taille des entreprises. »

La demande de produits bio augmente-t-elle ? 

« On trouve de plus en plus de produits bio dans les rayons : la part globale des produits bio dépasse les 3 %. Cette tendance se poursuit d'ailleurs depuis plusieurs années. De plus, l’offre de produits bio augmente plus rapidement que la consommation alimentaire générale. De plus en plus d'entreprises développent une gamme bio ou proposent quelques produits bio parce qu'elles savent que c'est un marché en expansion. »

Les consommateurs souhaitent-ils choisir entre plusieurs produits bio ?

« Par rapport à il y a vingt ans, le nombre de références en rayon a fortement augmenté. Le choix est plus étendu parmi de nombreux produits qui répondent en outre aux différents goûts des consommateurs. La croissance est également perceptible dans les supermarchés, qui proposent désormais des produits bio, y compris les hard discounters. L’offre de produits s’est tout simplement élargie et plus de 90 % des consommateurs achètent du bio de temps en temps. Pas toujours de manière consciente, mais probablement aussi parce que le produit est attractif. » 

La crise du coronavirus a-t-elle accentué la tendance bio ?

« Effectivement, mais cette tendance n’augmente pas plus rapidement que la consommation à domicile globale. Nous achetons tous plus de produits bio, mais nous achetons simplement aussi plus de produits alimentaires dans les supermarchés. Ce sont chez les agriculteurs qui vendaient leurs produits sur place que la demande a augmenté de façon significative. Ils ont vu plus de monde dans leur ferme, en particulier pendant la période de confinement. Nous avons également reçu un écho similaire de la part d'un certain nombre d’entreprises de transformation. Alors que la demande dans le secteur du foodservice était à l’arrêt, cette perte a été compensée, pour une partie des entreprises, par une augmentation de la demande dans les supermarchés. »

Quel a été l'impact du coronavirus sur le secteur bio ?

« Dans l’ensemble, les entreprises bio et de transformation bio ont relativement peu souffert de la crise du coronavirus. Cela s'explique en partie par le fait qu'elles sont moins dépendantes des exportations. Bien entendu, les entreprises qui fournissent essentiellement au secteur de l’horeca ont été durement touchées. Dans l’ensemble, les répercussions sur notre secteur n’ont toutefois pas été trop importantes sur le plan économique. » 

BioForum (Crédit photo : Sophie Nuytten)

A quels défis sont confrontées les entreprises qui font le choix du bio ?

« Le bio part d'une conviction et d'un choix de durabilité. Cette durabilité est ancrée dans le produit de base jusqu'à sa transformation afin de préserver au maximum la qualité. Prochainement, les règles seront plus strictes pour les entreprises de transformation qui se tournent aujourd’hui vers le bio. Elles ne pourront plus utiliser certains arômes à l’avenir et des restrictions s’appliqueront également aux produits de nettoyage et de désinfection. Ces changements techniques représentent des défis majeurs pour les entreprises de transformation bio qui doivent trouver des solutions alternatives qui soient, en même temps, en accord avec la démarche bio. 

En outre, le secteur perçoit également un défi dans le développement du bio pur et simple comme marché de croissance. Nous continuons donc à nous engager pour soutenir la croissance durable de la production bio. Pour terminer, il est important de souligner que nous devons veiller à ce que chaque maillon de la chaîne bio soit également correctement rétribué. La pression sur les prix ne doit pas créer de relations inéquitables. »

Comment les entreprises peuvent-elles se développer plus facilement ou se convertir au bio ?

« Pour une exploitation agricole, la conversion au bio doit se faire sur deux ans. Concrètement, cela signifie qu'un agriculteur doit attendre deux ans avant de pouvoir passer à l'agriculture biologique. En effet, la production est basée sur le sol, qui a besoin de temps pour s'adapter aux méthodes organiques. Pour les cultures permanentes, comme les arbres fruitiers, cela peut même prendre trois ans. Durant cette période, l'agriculteur bio reçoit une prime des autorités flamandes pour compenser une perte éventuelle de revenus. »

Et pour les entreprises de transformation ?

« Pour elles, c'est différent car elles n'ont pas de période de conversion. Pourtant, cette transition n'est pas un processus évident pour toutes les entreprises. C’est pourquoi BioForum accompagne les entreprises qui veulent se lancer dans le bio. Elles peuvent compter sur notre soutien pour mettre au point leurs processus et recettes. »

Les entreprises sont-elles aujourd’hui plus nombreuses à vouloir se convertir au bio ?

« Oui, nous avons organisé plusieurs séances d’information en ligne pour les entreprises qui débutent et le taux de participation était plus élevé que prévu. La participation à une réunion en ligne paraît plus facile que de venir frapper à notre porte. Nous ne savons pas si le coronavirus y est pour quelque chose, mais nous sommes déjà satisfaits du résultat. Nous continuerons donc certainement sur cette voie ! »

Comment le secteur bio peut-il encore grandir ?

« Le secteur se développe de lui-même et n'a pas besoin d'aller plus vite qu'il ne le fait actuellement.  Nous souhaitons avant tout que cette croissance soit gérée minutieusement, en accompagnant préalablement les entreprises qui démarrent. La croissance va se poursuivre et l'Europe a également la grande ambition de passer à 25 % d'agriculture biologique. 

Le défi consistera à faire en sorte que les ventes suivent et que la chaîne continue à se développer. Par ailleurs, les possibilités de croissance du bio sont encore nombreuses dans le secteur du foodservice. C’est le cas en Belgique où le potentiel est encore très grand par rapport à d'autres pays européens comme l'Allemagne, le Danemark, l'Autriche ou la France. » 

Tu peux, à juste titre, être fière de ton secteur ?

« Les entreprises bio ont souvent été les pionnières des tendances alimentaires. Epinglons, par exemple, les produits végétariens et le clean label. Nos membres ont un grand sens de l’innovation et font figure de véritables précurseurs. Le secteur développe, par exemple, depuis longtemps des produits à base de protéines alternatives et végétales.

Comme tout secteur belge, je suis également fière de la qualité de nos produits bio et nous observons également une demande croissante de produits bio du terroir. Nous ne pouvons qu’en être fiers ! »