Opinion : La consigne, solution miracle... ou fausse bonne solution ?

04.04.2017

Selon Test-Achats, une majorité de consommateurs belges serait en faveur de l'introduction d’un système de consigne sur les bouteilles PET et les canettes en Belgique. Cela a suffi pour que la consigne soit à nouveau présentée comme une sorte de solution miracle qui nous permet de mieux recycler et faire disparaître de la planète le problème des déchets sauvages. Or, si la mariée semble être très belle, la réalité est nettement moins rose, y compris dans ce cas-ci. 

Notre pays fait figure d’exception avec le système du sac bleu contrairement à celui de la consigne, dont les avantages ne sont pas certains par rapport aux inconvénients qu’elle présente indéniablement. Le fait que Test-Achats n’ait pas demandé aux consommateurs s’ils étaient prêts à abandonner le sac bleu au profit d’une soi-disant solution miracle est un signe qui ne trompe pas. FEVIA préfère plaider pour le maintien du sac bleu pour recycler les PMC et le développement d’un véritable mouvement sociétal pour la propreté publique.

La fin du sac bleu très performant ?

Les statistiques européennes le démontrent : la Belgique est championne en matière de recyclage des emballages. Nous dépassons même l’Allemagne avec son système de consigne. Une étude réalisée en 2011 à la demande de la Commission européenne[1] l’avait déjà souligné : il n’est pas nécessaire de mettre en place un système de consigne en Belgique pour atteindre des taux élevés de recyclage. Au contraire, une consigne condamnerait totalement le système actuel très performant du sac bleu. Le sac bleu dont le contenu serait vidé à plus de 50 % n’aurait d'ailleurs plus de raison d’être.

La vraie question est de savoir si le consommateur souhaite voir disparaître un système de collecte si facile et performant ? Qui veut garder des bouteilles et des canettes bien rangées et non abîmées chez soi et les rapporter au magasin ? Une étude menée en 2015 par Fost Plus donne une indication claire : alors que 92 % des Belges sont en faveur du sac bleu, seulement 22 % sont prêts à le remplacer par un système de consigne.

Qu'en est-il de la facture pour le consommateur et notre économie ?

Les partisans du système de consigne avancent que celui-ci ne coûtera rien au consommateur qui recycle convenablement. Le consommateur paie une certaine somme supplémentaire à l’achat pour récupérer cet argent lorsqu’il ramène l’emballage vide. Ce qu'ils oublient de prendre en compte, c'est qu'un système de consigne implique toute une organisation logistique et un investissement dans des machines et du personnel dans les magasins. Le coût est loin d’être négligeable : suivant certains calculs, le coût supplémentaire équivaut à un montant trois fois supérieur à celui du système actuel [2]. Ce coût sera inévitablement répercuté sur le consommateur. La différence de prix avec les pays voisins, qui existe déjà aujourd'hui à cause d’une fiscalité sur les boissons très élevée en Belgique (taxe sur les emballages, TVA, accises, «taxe santé », …), sera encore plus accentuée. La conséquence est évidente : encore plus d'achats transfrontaliers au détriment de l’emploi et de l’économie belge.

Une solution boiteuse 

Il n'est pas faux que la consigne pourrait diminuer le nombre de canettes et bouteilles dans les déchets sauvages. Nous n’avons jamais contredit ce point. Mais la consigne ne résoudra qu’une partie du problème : les bouteilles et flacons représentent au maximum 40 % des déchets sauvages. La réalité se situe plutôt entre 10 et 20 %. Les communes ne devront pas moins nettoyer les rues pour collecter mégots, papiers, emballages divers, pneus, mouchoirs, parapluies, etc. Penser que ces coûts-là diminueront n'est pas réaliste. La Belgique sera toujours autant confrontée au problème des déchets sauvages. Le problème n’est donc pas résolu.

Une ambition plus grande au service d’un large mouvement citoyen

C'est pourquoi nous devons avoir plus d’ambition et c'est ce que font FEVIA et le monde des emballages. Nous souhaitons créer un véritable mouvement sociétal. Le fait de jeter quelque chose dans la nature doit devenir tabou ! Non seulement les bouteilles et canettes, mais aussi tout le reste doit disparaître des abords des routes. Nous y avons mis les moyens : 17 millions d’euros par an pour être exact.

Nos entreprises alimentaires participent également activement à des plans d’action de plus grande envergure. De plus, des équipes professionnelles, Mooimakers et BeWapp, ont été mises en place et s’activent sur tous les fronts : installation de caméras, coaching des communes, placement de poubelles, application mobile, … Rien n’est laissé au hasard et leur engagement va plus loin qu’une simple sensibilisation. Les ministres wallons et flamands nous ont donné jusque mi-2018 pour démontrer que notre approche est la bonne. Le succès des opérations de nettoyage de printemps en Wallonie et en Flandre cette année nous encourage dans cette voie.

 

[1] Options and Feasability of a European Refund System for Metal Beverages Cans – European Commission

[2] Etude D. Guissard/Trilations réalisée à la demande de Fost Plus