Emballer, un exercice d’équilibre complexe

08.05.2018

Les plastiques et surtout les emballages plastiques font actuellement l’objet de vives critiques. Oui, les emballages plastiques ont un  impact sur l’environnement, de même que tous les autres matériaux. Cependant, ils sont surtout très fonctionnels et utiles. Et l’industrie s’engage aussi à réduire cet impact environnemental.  

Toujours moins d’emballages

Des quantités importantes de plastiques sont utilisées au niveau mondial. L’Europe comptabilise 49 millions de tonnes de plastiques, dont 40 % pour les emballages. La production européenne de plastique est devenue vingt fois plus importante au cours de ces 50 dernières années. Mais ces chiffres doivent être mis en parallèle avec d’autres éléments. En effet, si on fait un zoom sur la Belgique, la quantité totale d’emballages pour les produits alimentaires a à peine augmenté ces dernières années. Les emballages à usage unique ont augmenté de à peine 8 % en 16 ans et la quantité des emballages réutilisables  est resté stable, alors que l’index de production de l’industrie alimentaire a augmenté de pas moins de 68 % pendant cette même période (cf. www.fevia-durabilité.be). Les entreprises alimentaires utilisent donc de moins en moins de matériaux d’emballages pour emballer les produits qu’elle met sur le marché. 

Emballage fonctionnel avec impact positif

Lorsque vous achetez un produit alimentaire, l’emballage le protège. Il assure une plus longue conservation et une meilleure hygiène, facilite le transport et vous donne des informations indispensables. Toutes ces fonctions montrent qu’un emballage (ou une plus grande quantité d’emballage) peut parfois avoir un impact positif. Lorsque l’on prend en compte l’ensemble de l’impact environnemental des produits alimentaires et de leurs emballages, tout au long de leur cycle de vie, les conclusions sont toujours plus nuancées.

Même si l’impact environnemental des emballages peut dès lors être important – surtout lorsqu’ils atterrissent là où ils ne devraient pas, l’impact du produit alimentaire lui-même est bien souvent bien plus important. Eviter les pertes alimentaires autant que possible est dès lors beaucoup plus important que l’impact de l’emballage. En conservant (mieux) les aliments, grâce à des emballages très performants, nous en perdrons moins, et le bénéfice pour l’environnement sera plus élevé. Prenez par exemple des emballages avec différentes couches de différentes types de plastiques, qui permettent aux charcuteries d’être conservées pendant plusieurs semaines. Obtenir des durées de conservation plus longues grâce à des emballages et donc  lutter ainsi contre les pertes alimentaires a récemment encore été souligné par le professeur Frank Devlieghere, à l’occasion de son séminaire à l’Université de Flandre .

Bien d’autres aspects de l’emballage permettent de réduire les pertes alimentaires :  les portions, les outils de dosage, les informations liées à la conservation ou les emballages refermables L’emballage (supplémentaire)  a souvent un impact environnemental positif. L’impact des pertes alimentaires évitées peut être plus important que l’impact de l’emballage (supplémentaire). Il est par exemple plus légitime d’acheter du fromage à tartiner en portions individuelles que de jeter les 5 grammes restants d’un emballage plus grand (OVAM, 2015). Les produits alimentaires sont proposés dans différents emballages, adaptés en fonction des spécificités du produit, mais aussi en fonction des besoins de notre société moderne : mode de vies , peu de temps pour faire le ménage ou les course, situations imprévues, ménages d’une personne, etc.

Une question d’équilibre

Les nombreuses fonctions d’un emballage ne sont évidemment pas une raison pour en utiliser trop. Et soyons réalistes, utiliser des emballages totalement inutiles n’apporte pas d’avantage économique pour l’entreprise, bien au contraire. Mais emballer trop peu a également des inconvénients : les produits restent frais moins longtemps ou sont abîmés. Il faut donc trouver l’emballage optimal et ce, par type de produit : pas trop, ni trop peu. Le Modèle AB d’Innventia (cf. schéma) en est une bonne illustration. Par ailleurs, chaque décision doit être bien réfléchie : faut-il utiliser un matériaux ou une combinaison de matériaux, faut-il un emballage avec un système de barrière , faut-il ajouter des additifs fonctionnels, etc. La conception de l’emballage optimal est un exercice complexe puisque les producteurs doivent tenir compte d’éléments très divers. Pensez à la sécurité alimentaire, la fonctionnalité, les chaînes logistiques, la visibilité, la sensibilité à l’impact environnemental ou aux déchets sauvages. La protection du produit reste cependant le critère le plus important. 

Continuer à réduire l’impact environnemental

L’industrie alimentaire déjà fortement réduit l’impact de ses emballages, mais elle est confrontée à des limites. C’est pourquoi l’industrie alimentaire innove et met en place de nombreuses pistes pour continuer à réduire l’impact environnemental de ses emballages : utilisation de matériaux recyclés, plus grande collecte de déchets d’emballage (extension du sac bleu à tous les emballages en plastique), éco-conception d’emballages, emballages biodégradables, actions contre les déchets sauvages,…

Les plans de prévention en matière d’emballage que les entreprises réalisent, montrent qu’elles ne restent pas inactive (voir aussi www.fevia-durabilité.be). Mais les entreprises se heurtent à de nombreux obstacles (techniques ou autres). Les innovations (tant pour les emballages mêmes qu’au niveau du recyclage du déchet d’emballage) sont donc toujours nécessaires afin de surmonter ces obstacles et réduire encore davantage l’impact environnemental. Heureusement, tous les jours des entreprises agissent (voir Preventpack.be) .Un monde sans emballage (en plastique) est néanmoins pas une option pour une société durable.