Et s’il y avait pénurie d’eau ?

09.05.2019

Le niveau de la nappe phréatique reste dangereusement bas en Flandre à cause de la sécheresse de l'été dernier et du manque de précipitations. Avec probablement un nouvel été sec en perspective, un plan de délestage pour la consommation d'eau risque bien d'être mis en œuvre en Flandre. Celui-ci déterminera les consommateurs prioritaires pour l’eau, et les autres.

Les entreprises alimentaires œuvrent depuis longtemps déjà à des solutions pour pérenniser la consommation de l'eau, une ressource dont elles ne peuvent pas se passer. Elles en ont besoin pour produire des aliments et des boissons : en tant qu’ingrédient, pour laver, cuire, nettoyer régulièrement et assurer ainsi la sécurité alimentaire. L’impact d’une pénurie d’eau risque donc d’être important : les entreprises auront beaucoup de mal à y faire face. Ce qui aura des répercussions sur le plan financier, la sécurité alimentaire et l’emploi, notamment. Alors, comme bien d’autres acteurs, le secteur alimentaire s'inquiète d’un tel plan de délestage.

La distribution d’eau devient un exercice particulièrement difficile. Il faut en effet tenir compte de nombreuses conséquences directes et indirectes pour les divers maillons de la chaîne, et de leurs influences les uns sur les autres. Le Voka a déjà demandé aux politiques de donner la priorité, dans le cadre du plan de délestage, aux entreprises dont la production exige de grandes quantités d’eau. Nous les avons également priés d’effectuer cet exercice complexe avec tous les acteurs de l’eau, pour aboutir à un plan de secours largement cautionné.

Mais cela doit rester un plan de secours, dont on peut espérer qu’il ne soit jamais mis en œuvre. Faisons en sorte que cela ne soit pas le cas. Chaque intervenant de la filière a le devoir de gérer l'eau de manière durable, et d'apporter ainsi sa petite pierre à l'édifice.

L’industrie alimentaire sait depuis longtemps que l'eau est précieuse. Nos entreprises s’efforcent de réduire leur empreinte hydrique depuis de nombreuses années. En un peu plus de 10 ans, elles sont parvenues à réduire leur consommation d'eau par tonne de produit de non moins de 39 % (https://www.fevia-duurzaamheid.be/fr).

De plus en plus d’entreprises alimentaires recyclent leurs eaux et réutilisent environ 70 % de leurs eaux usées pour leurs processus après une épuration interne complète. Malgré les exigences très strictes en matière de sécurité alimentaire, elles parviennent à réduire drastiquement leur consommation d'eau. En d'autres termes, une entreprise circulaire dans toute sa splendeur !

Les entreprises alimentaires recherchent aussi des sources d'eau alternatives. La PME campinoise Colac a ainsi montré dans le programme De Markt de la VRT, comment elle récupère l'eau de pluie sur son nouveau site de production, réalisant ainsi une économie de 9 millions de litres d'eau par an. 

L’eau crée des liens. L’eau usée d’un maillon de la chaîne peut devenir une source pour un autre. De nombreuses possibilités et solutions nouvelles de consommation durable s’ouvrent, via des collaborations entre différents intervenants de la filière. L'année dernière, un beau partenariat a ainsi démarré à Ardooie : une entreprise alimentaire a travaillé avec 47 agriculteurs pour pérenniser l’approvisionnement en eau.

Aux moments cruciaux, pendant la sècheresse estivale, différentes entreprises alimentaires sont montées au créneau pour approvisionner les agriculteurs en eau afin de sauver leurs récoltes dans les champs. Le secteur veut promouvoir de tels projets pour continuer d’augmenter l'efficacité générale de la gestion de l'eau et réduire notre dépendance vis-à-vis de cette ressource, grâce à des collaborations innovantes avec d'autres acteurs.

Pour permettre d’éviter un plan de délestage dans le futur, Fevia appelle les autorités à continuer à soutenir les entreprises dans leurs actions en faveur d'une consommation plus durable de l'eau et à tendre la main à d'autres chaînons de la filière de l'eau pour engager des partenariats innovants. Car il est impossible de se passer totalement de l’eau.