Interdiction et élimination des emballages : gare à la migraine !

06.02.2023

Mettre un emballage sur le marché représente actuellement un véritable casse-tête pour les entreprises alimentaires. En effet, la Belgique semble prise d’une frénésie de venir purement et simplement à bout des emballages en plastique, et parfois même de tous les emballages à usage unique. Elle s’y emploie au travers de propositions législatives à tous les niveaux de pouvoir, dépassant avec zèle les directives européennes. Au-delà de la cacophonie que cela représente pour les entreprises, l’efficacité de ces propositions, et leurs fondements scientifiques, posent question. Fevia appelle au calme et à plus de coordination et de concertation entre les autorités et l’industrie. En parallèle, elle continue à encourager ses membres à accélérer leurs initiatives en matière de circularité des emballages.

Ne pas confondre vitesse et précipitation

Les choses ne cessent d’évoluer en matière d’emballage, et de traitement des déchets. Fevia s’en réjouit même s’il reste une marge d’amélioration. En Belgique, après les années « prévention et recyclage », qui portent leurs fruits notamment grâce aux investissements déployés par l’industrie alimentaire, nous entrons dans une nouvelle ère « d’interdiction, d’élimination et de réutilisation ». Présents sur toutes les lèvres…et dans les projets de législation, ces trois principes nous sont présentés comme les solutions miracles (et populaires !), à tous nos défis. Et il faudrait les mettre en place au plus vite…

Aspirer à un monde sans emballages est une utopie qui présente des risques et peut s’avérer contreproductive d’un point de vue environnemental. On ne cesse de le répéter : les emballages jouent un rôle primordial en matière de conservation car ils assurent la sécurité alimentaire et évitent le gaspillage. Ils sont nécessaires pour informer le consommateur, notamment sur les allergènes et les valeurs nutritionnelles. Enfin, il reste difficile de transporter des produits sans un minimum d’emballage. Le système dans son ensemble doit certainement encore évoluer mais gare à l’excès de zèle et à la précipitation.

Les entreprises alimentaires œuvrent déjà au changement

Les entreprises alimentaires sont en faveur d’une politique aussi ambitieuse qu’innovante et prennent à cœur leurs responsabilités. Eliminer ou réutiliser sont des mots qui ne leur font pas peur. Ces dernières années, les emballages superflus disparaissent. Plus de feuille d’aluminium entre le chocolat et l’emballage externe par exemple. La livraison en vrac des matières premières au client industriel devient une pratique de plus en plus courante. Fini par exemple les sacs de farine de 25 kg, les boulangers reçoivent désormais leur farine dans des silos.

En ce qui concerne l’emballage de transport, les entreprises favorisent de plus en plus les palettes ou les box réutilisables. Et pour preuve : selon les données de Valipac, les entreprises alimentaires ont recours 5 fois plus souvent à des emballages réutilisables qu’à des emballages à usage unique.

Enfin, au printemps 2022, une nouvelle étape a été franchie : Fevia Vlaanderen et des entreprises alimentaires se sont engagées à développer de nouveaux business models. A travers le Green Deal Anders Verpakt, elles planchent sur des solutions sans emballages, ou avec des emballages réutilisables, dans des applications aussi variées que dans le secteur de la distribution, le B2B ou encore la consommation à domicile ou nomade.

Cacophonie réglementaire et packaging bashing 

Single-used plastic directive (SUP), Packaging and Packaging Waste Regulation au niveau européen, arrêtés royaux au niveau fédéral, Vlarema en Flandre, décret et arrêtés du gouvernement wallon et bruxellois, sans compter les initiatives locales : l’industrie alimentaire belge fait face à un florilège de (nouvelles) règlementations en matière de packaging. Celles-ci visent à interdire certains emballages, majoritairement en plastique, ou à en diminuer l’usage drastiquement. 

Non seulement cette cacophonie de propositions manque foncièrement de coordination, ce qui rajoute une complexité supplémentaire aux nombreux défis auxquels sont confrontées nos entreprises alimentaires, de plus certaines initiatives nous semblent incohérentes, et/ou sans fondement scientifique.

Par exemple, une directive européenne prévoit la diminution de l’utilisation de gobelets en plastique à usage unique dans l’Horeca, une pratique courante notamment dans les fast food. La Belgique veut aller plus loin et prévoit d’interdire dès 2024 tous les gobelets, même ceux en carton, sans en approfondir la réflexion. Quid des boissons type café latte prêts à boire ? Quid de la fonction d’un emballage ou des habitudes de consommation ? Est-ce qu’une alternative en bouteille, plus lourde et avec un bouchon, sera plus respectueuse de l’environnement ? Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain en bannissant un emballage sans en comprendre son utilité. 

Autre exemple : l’Europe propose dans son nouveau projet de législation sur les emballages de rendre toutes les capsules de café compostables. La Belgique prend les devants et veut interdire les capsules en plastique et en aluminium début 2024, alors que celles-ci sont désormais recyclables via le sac bleu.

Une initiative contreproductive d’un point de vue environnemental, des centaines de milliers de machines partiront au rebut, mais économique également car c’est un pan important du secteur du café qui tombe à l’eau. Sans parler de la tentation qu’auront les consommateurs de faire le plein de capsules dans les pays voisins. Le packaging bashing ne s’arrête pas là.

Dans une note de discussion préparée par le cabinet de la Ministre fédérale de l’environnement, on nous explique que dans le cadre des objectifs en matière de diminution des émissions de CO2 il faudrait réduire de 75% la consommation de matières premières primaires pour les emballages d'ici 2030. Comment ? En développant notamment d’autres manières d’emballer, d’autres méthodes de distribution et de vente, ou encore d’autres types de consommation.

Cohérence, concertation et action !

Face à ce déferlement de nouvelles propositions, Fevia demande aux autorités fédérales et régionales d’aligner leurs visions et de coordonner leurs politiques en concertation avec les entreprises alimentaires.

En parallèle, Fevia appelle ses membres à continuer leur travail de recherche et d’innovation sur les modèles de demain et en faveur de packagings toujours plus respectueux de l’environnement. Le « sans emballage » et l’emballage réutilisable pour les produits à destination des ménages feront partie des solutions dans un avenir plus ou moins proche. Il est impératif de se préparer sans délai, notamment en s’associant aux initiatives existantes comme le Green Deal Anders Verpakt. Les membres de Fevia peuvent s’adresser à notre experte Candice Joseph à ce sujet.

Vous voulez en savoir plus sur les interdictions et les diminutions des emballages ainsi que les législations existantes et prévues ?
La présentation et l'enregistrement du webinaire organisé par Fevia le 3 février sont disponibles ici pour les membres de Fevia.