Cuisiner ensemble à un avenir durable, prospère et sain

09.05.2019

A la veille des élections, je souhaite tendre la main à nos responsables politiques : cuisinons ensemble pour un avenir prospère, durable et sain durant les années à venir. La croissance, la création d’emplois, la durabilité, le climat, l’alimentation équilibrée et la santé : nous sommes confrontés à des défis que nous pouvons uniquement relever par le biais d’un plan à long terme et de la collaboration. A l’approche de la prochaine législature, nous proposons, en tant que plus grand secteur industriel du pays, 4 recettes et 12 ingrédients. Des mesures concrètes, fondées sur les piliers de notre stratégie de développement durable et qui sont basées sur la responsabilité partagée. Tous ensemble, faisons en sorte que la mayonnaise prenne !

Notre système alimentaire actuel est confronté à un certain nombre de défis majeurs : nourrir une population mondiale en pleine croissance avec moins d’impact sur l’environnement et le climat, allier une alimentation équilibrée à un style de vie sain, le big data et la digitalisation, etc. Nous avons du pain sur la planche. J’invite les responsables politiques à réfléchir ensemble à des solutions pour les défis sociétaux et les demandes de notre secteur, un maillon essentiel du système alimentaire. N’oublions pas que le secteur alimentaire est le plus grand employeur industriel et investisseur du pays.

Comment allons-nous à l’avenir produire une alimentation plus durable à l’échelle mondiale ? Une question légitime soulevée par nombre d'entre vous. Nous avons une vision claire : en rendant le système entier plus durable. Bio, circuits courts et alimentation locale vont de pair avec production à grande échelle et sur mesure pour le consommateur moderne. Là aussi, l’interdépendance avec le secteur agricole est souvent étonnamment importante. Pas moins de 60% des matières premières transformées par nos entreprises sont d’ailleurs issues de sols belges.  

Pour évoluer vers plus de durabilité, l’innovation est essentielle. Nos entreprises sont précurseurs dans le développement de nouveaux produits et de processus innovants. Elles préservent ainsi leur compétitivité et répondent aux défis en matière de durabilité et de santé par exemple. C’est la raison pour laquelle nous demandons explicitement le soutien, voir même le renforcement, de nos pôles d’innovation wallon et flamand, Wagralim et Flanders’ FOOD. Les soutenir est crucial pour de nombreuses PME du secteur.

Rendre notre système alimentaire plus durable et investir dans l’innovation sont les deux fils conducteurs à travers les 4 recettes et les 12 ingrédients que le secteur présente aux responsables politiques. Vous les trouverez sur www.memorandumfevia.be. Pas de principes vagues ou de demandes unilatérales, mais des engagements concrets et des demandes claires qui s’adressent à nos futurs responsables politiques.

La première de ces recettes vise la croissance de nos entreprises. Les exportations sont le véritable moteur de croissance de l’industrie alimentaire belge. Elles contribuent à plus de la moitié de notre chiffre d’affaires. L’exportation permet la création d’emplois, l’investissement et l’innovation. Mais le protectionnisme croissant est en permanence une épée de Damoclès suspendue au-dessus de notre secteur. Je pense notamment à l’étiquetage d’origine obligatoire en France, au Brexit, au mesures anti-dumping des pays Sud-américains à l’égard de nos produits de pommes de terre ou encore à la manière dont certains pays ont fermé leurs frontières lors de la peste porcine africaine. Alors, ensemble continuons à lutter contre le protectionnisme au niveau national, européen et international. Et continuons à mettre à l’honneur la qualité, la variété et l’innovation de nos produits alimentaires et nos boissons belges avec notre marque de promotion « Food.be - Small country. Great food », en Belgique, et à l’étranger notamment lors de visites d’État, de missions économiques et de salons alimentaires.

Et bien entendu, n’oublions pas notre marché intérieur, qui a connu une stagnation, voir même une régression ces dernières années. Il est donc grand temps de se débarrasser de l’accumulation de taxes et redevances qui rendent nos produits 10 à 15% plus chers en Belgique en comparaison à nos pays voisins. De plus, cela pousse les consommateurs aux achats transfrontaliers.

Notre 2e recette offre une solution au principal défi du moment pour notre secteur : attirer et développer des talents adéquats. Nous ne parvenons pas à exploiter notre potentiel de croissance. Investir dans notre propre pays à peu d’intérêt si nous n’arrivons pas à attirer suffisamment de talents aux profils adéquats pour faire tourner nos usines. Avec plus de 90.000 emplois directs et 1500 postes vacants par jour, l’industrie alimentaire, premier employeur industriel, est toujours à la recherche de nouveaux talents. En ces temps de digitalisation et d’automatisation, le secteur a besoin de personnes qualifiées aux compétences techniques capables de travailler dans un environnement high-tech. Nous souhaitons dès lors que les responsables politiques investissent encore plus dans l’enseignement (STEM), dans la formation en alternance et dans la suppression des métiers en pénurie dans les entreprises alimentaires. Celles-ci offrent de nombreuses opportunités d’emploi et des avantages pour une grande diversité de profils.

Avec notre 3e recette, nous voulons stimuler nos entreprises à entreprendre de manière circulaire. Pour y arriver, le secteur mise entre autres sur l’efficacité énergétique, moins d’émissions de CO2, l’utilisation durable de l’eau, la mobilité, et la gestion circulaire des emballages. Notre secteur a pris des engagements concrets en Wallonie et en Flandre dans la lutte contre les déchets sauvages et pour des emballages plus durables. Les plans d’actions ambitieux de BeWaPP en Wallonie et de Mooimakers en Flandre commencent à porter leurs fruits. En Wallonie, pas moins de 500 tonnes de déchets sauvages ont été ramassés par 163.000 participants. Ces actions illustrent que nous parvenons à mettre en place un vaste mouvement social. 

En Belgique, il est tout à fait possible de s’attaquer aux déchets sauvages sans la consigne. Nous investissons par exemple dans l’infrastructure, l’application, plus d’emballages durables et dans des actions pour trier on-the-go. Nous évitons ainsi de remettre en cause le système du sac bleu, qui a fait ses preuves en Belgique, en instaurant un système de consigne, qui rendrait nos produits plus coûteux et qui est plus complexe pour le consommateur. D’autant plus que dès aujourd’hui le sac bleu s’élargit à tous les emballages plastiques, de manière progressive dans tout le pays jusqu’en 2020. Une avancée majeure pour les citoyens et l’environnement !

Enfin, notre 4e recette vise une alimentation plus équilibrée. De nombreux Belges sont aujourd’hui confrontés à la problématique de l’obésité comme conséquence d’un style de vie non-équilibré. L’alimentation constitue un élément crucial dans ce contexte. D’autres éléments jouent également un rôle important, comme un style de vie sain et suffisamment d’activité physique. Cela nécessite une approche health-in-all-policies. Mais l’industrie alimentaire aussi investit dans des solutions. En collaboration avec les responsables politiques et les acteurs concernés, nous prenons des engagements pour permettre au consommateur de faire du choix sain, un choix facile. Pensez notamment à la Convention Alimentation Equilibrée, signée ensemble avec la ministre de la Santé Maggie De Block, qui a permis de rendre l’offre alimentaire plus équilibrée en Belgique. Par ailleurs, en tant que secteur, nous prenons depuis de nombreuses années les devants pour informer correctement les consommateurs afin de les aider à faire des choix conscients. Nous saluons la législation européenne qui a permis d’appliquer les mêmes règles pour tout type de produit, mais mettons en garde contre une prolifération de systèmes d’étiquetage nutritionnel complémentaires, qui varient de pays en pays.

Notre menu est clair : 4 recettes pour l’avenir et 12 ingrédients avec des propositions et engagements concrets. Je souhaite tendre la main vers nos futurs responsables politiques, afin que sous la prochaine législature, nous puissions également nous entretenir autour de la table. Nous pourrons ainsi réfléchir ensemble à des solutions, sans remettre en question notre prospérité et nos emplois. Cuisinons ensemble, pour préparer cet avenir prospère, durable et sain, pour tous.