Evolution des marges – Episode 4 : l'agriculture

05.03.2024

 

En 2022, avec l’envolée des prix agricoles liée à plusieurs spéculations importantes dans l’agriculture belge, la valeur de la production a beaucoup augmenté. Mais les coûts ont également fortement progressé. Selon les estimations de l’Observatoire des Prix, le revenu net s’est néanmoins amélioré et atteint un meilleur niveau que celui de 2020 et 2021, deux mauvaises années pour le secteur agricole. Etant donné la baisse des coûts de production de ces derniers mois et le maintien de prix élevés pour certaines productions agricoles (lait, viande de porc, viande bovine, pomme de terre, notamment), l’année 2023 devrait encore être meilleure, malgré des cotations des céréales en net repli. Cette vue globale cache néanmoins d’importantes disparités entre les orientations technico-économiques (OTE), et donc aussi entre les régions. Certains sous-secteurs, comme la production porcine ou la fruiticulture, ont vu en 2022 leur marge se dégrader encore davantage.

Revenu net en forte hausse en 2022

Les années 2021 et 2022 (estimation) ont vu la situation de l’agriculture belge s’améliorer, après une mauvaise année 2020 marquée par un revenu net parmi les plus faibles sur la période 2004-2022 et par le rapport output/input le deuxième plus faible de ces 19 dernières années.

L’estimation pour 2022 montre même que cette année dégagerait le revenu net le plus élevé de la période considérée. Les comptes macro-économiques agricoles (les comptes pour la « ferme belge » qui sont établis par Statbel) montrent également que l’année 2022 est très favorable. La valeur ajoutée nette est la plus élevée depuis 2005 après celle de 2012.

Pour la bonne compréhension : le revenu net de l’exploitation est défini comme la différence entre l’ensemble des revenus (non compris les subsides) et l’ensemble des coûts effectifs, par exploitation. Il n’est donc pas tenu compte des coûts imputés, en particulier de la rémunération du travail familial et de la terre en propriété. Le revenu net doit encore couvrir ces postes.

Enormes disparités entre régions, types d’exploitations et entre exploitations

La situation globalement bonne masque toutefois une disparité régionale, mais aussi entre orientations technico-économiques (OTE), de même qu’entre exploitations au sein d’une même OTE.

Sur le plan régional, les exploitations en Flandre dégagent généralement un revenu net qui a davantage progressé ces dernières 18 années que celui des exploitations wallonnes. En Flandre, le revenu net moyen sur la période 2017-2021 est ainsi 43% plus élevé que le revenu net moyen sur la période 2004-2006, alors que la progression en Wallonie n’est que de 3%. Pour 2022, on observe un contraste entre les deux régions. Cette année a surtout été favorable aux exploitations wallonnes, considérées globalement. Selon les estimations de l’Observatoire des Prix, le revenu net en 2022 en Wallonie serait près de 2,5 fois supérieur à la moyenne 2017-2021. En Flandre, l’année a également été bonne, mais moins exceptionnelle qu’en Wallonie. Le revenu net serait seulement 1,2 fois plus élevé que la moyenne 2017-2021.

On constate que l’évolution est aussi très contrastée ces dernières années entre orientations technico-économiques, comme le montre le graphique ci-dessous.

Les OTE « grandes cultures » et « lait » ont connu en 2022 une situation en nette amélioration par rapport aux années précédentes (surtout pour le lait pour lequel les deux années antérieures avaient été marquées par une détérioration significative du revenu net). Par contre, pour les producteurs de viande de porc (qui dominent l’OTE granivores), la situation a encore empiré, après 2 années déjà difficiles. Le revenu net par exploitation est même devenu négatif, alors que le travail familial n’est pas rémunéré selon cette statistique (le constat est toutefois à nuancer en fonction des types d’exploitation). L’année 2023 devrait cependant permettre un certain redressement, avec des prix des carcasses en hausse et des coûts qui baissent. En 2022, les fruiticulteurs ont aussi connu une situation qui se dégrade pour la troisième année consécutive. La situation dans les filières « viandes » (OTE49 et OTE50) reste la plus difficile. Cependant, en viande bovine, la situation s’améliore lentement depuis l’année catastrophique 2019. Ce n’est toutefois pas le cas des exploitations qui ne pratiquent que l’engraissement, car en 2021 et 2022, les coûts des aliments concentrés ont davantage augmenté que le prix des carcasses.

 

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