Achats transfrontaliers : Bison futé voit noir dans le sens des départs

01.08.2023

Dans notre série Food & Figures, nos experts analysent un chiffre-clé du secteur alimentaire. Dans cette édition, notre économiste Carole Dembour analyse les derniers chiffres des achats transfrontaliers. Et malheureusement, un nouveau record a encore été établi au deuxième trimestre 2023.

Avec près de 200 millions d’euros dépensés par les Belges à l’étranger, les achats transfrontaliers de produits alimentaires et de boissons ont (encore) établi un nouveau record au 2ième trimestre 2023. Ceci représente une augmentation de plus de 70% par rapport à la même période de 2022. En comparaison, les achats alimentaires sur le marché domestique n’ont progressé en valeur que de 10%.

Une partie de cette augmentation spectaculaire des achats transfrontaliers est bien sûr à mettre sur le compte de l’inflation des prix des produits alimentaires et des boissons. Cependant, en volume, la différence d’évolution est tout aussi marquante. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les achats transfrontaliers ont progressé de plus de 50% tandis que ceux en Belgique ont baissé de près de 5%.

La France se taille la part belle du gâteau avec 63% des achats transfrontaliers au 2ième trimestre 2023, soit 123 millions d’euros. Par rapport à la même période de l’année passée, les achats en France ont plus que doublé (+109%).

La part de marché des achats transfrontaliers pour les boissons est particulièrement élevée. Pour la 1ère fois, les dépenses des ménages belges en boissons rafraichissantes réalisées de l’autre côté de nos frontières ont dépassé la barre des 5%. La part des boissons alcoolisées s’approche quant à elle des 6% et celle du café et de thé atteint 4% au 2ième trimestre de cette année. Ce n’est pas une surprise quand on voit le différentiel de taxes particulièrement élevé sur ces produits, en notre défaveur.

Pourtant, nos autorités ne semblent pas (vouloir) prendre conscience de l’importance des achats transfrontaliers, et de l’impact catastrophique sur l’activité économique et les recettes de l’Etat. Si aucune mesure n’est prise, ce sont non seulement les consommateurs mais également les entreprises alimentaires qui répondront à l’appel des sirènes de l’étranger, comme Fevia Wallonie a pu le rappeler lors de la présentation de son dernier rapport économique annuel.