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06.05.2025 Actualité

RH dans le secteur alimentaire : 10 entreprises présentent leur approche humaine

Alors que le talent devient une ressource précieuse sur le marché de l’emploi, le secteur alimentaire affiche une ambition claire : proposer des carrières durables et attrayantes. Pour rester à l’écoute de ce qu’il se passe sur le terrain, nous avons échangé ce printemps avec les services RH de dix entreprises alimentaires. Résultat ? Le secteur est en pleine effervescence, avec des exemples inspirants de réussite, mais aussi des défis de taille à relever.

Ce qu'on apprend au berceau, demeure jusqu'au tombeau. C'est pourquoi, nous organisons chaque année un concours d'innovation pour faire découvrir le secteur le plus savoureux aux jeunes talents émergents. Lisez ici comment cela s'est déroulé cette année.

Dialogue social en pratique

Ce qui se remarque tout de suite, c’est que de nombreuses entreprises investissent dans des conditions de travail adaptées et que le dialogue social, en général, est constructif. Même les entreprises ayant récemment procédé à des restructurations ont réussi à maintenir un environnement de dialogue constructif, avec de bons accords et du temps pour échanger avec les uns et les autres. L'automatisation des tâches physiques a également permis à de nombreuses entreprises d'améliorer les conditions de travail, menant ainsi à une baisse de l'absentéisme. 

De nombreuses initiatives sont mises en place autour du bien-être et de la santé. Certaines entreprises proposent des programmes sportifs en collaboration avec Alimento. Une entreprise a même recruté un assistant social pour faciliter, par exemple, l'intégration des travailleurs étrangers. Certaines entreprises consacrent chaque année une journée dédiée à la sécurité ou à la formation, et beaucoup mènent régulièrement des enquêtes sur le bien-être pour ajuster leur politique RH de façon ciblée. 

La confiance accordée au personnel et à son développement se manifeste par le fait que la plupart des entreprises proposent en moyenne trois à cinq jours de formation par an. Il est toutefois difficile de garantir le droit individuel à cinq jours de formation par employé dans un environnement de production. En effet, il n'est pas évident de suspendre temporairement la production, sauf pendant la basse saison dans certaines entreprises.

Le handicap des coûts salariaux : une réalité difficile à ignorer

Parallèlement, plusieurs sujets sensibles restent à l’ordre du jour. Les coûts salariaux représentent un point de friction récurrent. Plusieurs entreprises insistent sur le fait que le coût salarial en Belgique est significativement plus élevé que dans les autres sites du même groupe situés dans les pays voisins, où les établissements sont mis en concurrence pour attirer des investissements supplémentaires. L'indexation automatique des salaires est également abordée : une augmentation de 20 % en trois ans est difficile à maintenir. Dans d'autres pays, les salaires sont également augmentés en fonction du coût de la vie, mais de manière moins rapide. L'harmonisation des conditions salariales et de travail entre différents sites représente un défi, de même que l'harmonisation, par exemple, des pensions complémentaires pour les ouvriers et les employés. 

La flexibilité n'est pas une évidence

La flexibilité constitue un autre enjeu. Certaines entreprises ont du mal à pourvoir les postes de travail le week-end ou en horaires de nuit, alors que dans d'autres, les primes de week-end et de nuit rencontrent un grand succès auprès des employés. On remarque également que les entreprises ayant une marque forte ou un « employer branding » solide parviennent plus facilement à recruter du personnel.

L'incertitude juridique concernant la réduction fiscale pour le travail de nuit et en équipes représente un obstacle majeur. Une mesure qui avait été mise en place pour soutenir l'industrie belge, mais qui entraine de plus en plus de discussions lors des contrôles fiscaux, obligeant les entreprises à faire face à une augmentation parfois considérable des coûts. Il est impossible de renforcer la compétitivité par certaines mesures gouvernementales et de l'affaiblir ensuite en supprimant les réductions fiscales existantes.

Enseignement et marché de l’emploi : il est grand temps d'établir une meilleure connexion

Le lien entre l’enseignement et le marché de l'emploi reste un défi majeur. Un certain nombre d'entreprises consacrent d'importants investissements à l'apprentissage en alternance, aux stages et à l'infrastructure, incluant, entre autres, des salles de classe directement sur les sites. Pour l'instant, les résultats restent assez limités, bien qu'il semble y avoir peu de choix : c'est investir ou manquer des opportunités de recruter de nouveaux talents. Les nouveaux employés expriment le besoin de formations pratiques en langues, telles que le néerlandais sur le lieu de travail, pour favoriser l'intégration des travailleurs allophones, ainsi que des formations en intelligence artificielle, afin de suivre les dernières tendances. Particulièrement en Flandre-Occidentale, où le taux d'emploi excède les 80 %, la pénurie structurelle sur le marché de l’emploi et la nécessité d'une migration de travail complémentaire sont mises en évidence, notamment pour des fonctions telles que celle de l'opérateur de processus dans l'industrie alimentaire.

Découvrez ici l'importance de la migration de travail pour les métiers en pénurie >

Investir dans les individus rapporte

Heureusement, il y a aussi beaucoup d'attention portée à une gestion des ressources humaines tournée vers l'avenir. Les entreprises perçoivent des opportunités dans la mobilité interne et les possibilités d’évolution. En assurant une transition fluide grâce à des programmes de formation ciblés, la pénurie sur le marché de l’emploi est atténuée, car les profils juniors sont généralement plus faciles à recruter que les profils seniors. 

Le secteur attire les jeunes talents par le biais de stages et d'initiatives telles que des concours d'innovation. L'image du secteur et de l'entreprise peut parfois être renforcée de manière très originale, par exemple en offrant chaque année un emplacement pour un festival de musique attirant 70 000 personnes sur le site de l'entreprise. Des événements comme le Nerdland Festival sont également des occasions pour les entreprises de se faire connaître auprès des jeunes talents et des profils STEM.

Assurer l'avenir en mettant en avant les food heroes 

De ces conversations, il en ressort que le secteur alimentaire est pleinement conscient des défis, mais qu'il fait aussi preuve de détermination. La synergie entre le dialogue social, l'innovation technologique, les initiatives en matière de bien-être et les formations démontre que le secteur investit véritablement dans des carrières durables. Avec un regard tourné vers l'avenir, il est clair que celui qui investit dans ses collaborateurs reste attractif – même dans un marché de l’emploi tendu – tout en améliorant sa productivité et sa pérennité. Ou comme l'a formulé l'une des entreprises elle-même : Nous ne cherchons pas de personnel. Nous cherchons des food heroes – et nous veillons à ce qu'ils puissent le rester.